Cart 0

La maison Lafont et le savoir-faire lunetier d’exception. Discussion avec Nicolas Roux, Meilleur Ouvrier de France.

Aujourd’hui, nous sommes dans l’atelier Lafont, situé derrière la boutique historique du lunetier éponyme rue Vignon à Paris. En traversant la boutique, nous découvrons un univers hyper créatif, depuis les lunettes historiques exposées en vitrine jusqu’aux modèles optiques ou solaires contemporains. Il n’est pas rare de croiser Thomas ou Matthieu, dirigeants et petits-fils de Louis Lafont qui a créé la maison en 1923.

Nous avons la chance de nous entretenir avec Nicolas Roux qui met son talent au service du sur-mesure et du fait-à-la-main. Amoureux du savoir-faire lunetier, meilleur ouvrier de France, Nicolas nous emmène à la découverte de son métier spécifique et révélé grâce à la maison Lafont.

Bonne écoute !

 
 

Avec la céramiste Juliette Vivien, nous apprenons comment alléger la charge mentale et trouver l'équilibre !

Juliette Vivien est céramiste et représente la nouvelle génération des artisans d’art mis en lumière en 2020 grâce au Prix de la Création Métiers d’art des Ateliers d’Art de France.

Elle a compris rapidement que sa créativité s’épanouirait dans son propre atelier.

Aujourd’hui, elle imagine des réalisations qui s’appuient sur des techniques exigeantes que sont les miniatures et la cristallisation, qu’elle fait habilement dialoguer.

Artisane accomplie, elle combine la création, la production, la communication, sans pour autant négliger la gestion de son entreprise.

Juliette souligne l’importance du retour d’expérience de ses pairs et de ses proches, elle dévoile ses nouvelles orientations  créatives, et sans tabou elle évoque le temps qu’elle aimerait prendre pour elle.

Très belle écoute.

 
 

Les Bougies de Charroux - commerce de détail et entreprise digitale. Pierre Corgnet, son dirigeant nous explique son développement fulgurant.

Connaissez-vous l’entreprise qui fabrique à la main et vend 1 500 000 millions bougies par an ? Créée en 2007 par Joelle et Jean-Paul Corgnet, deux passionnés de l’action, amoureux du terroir et de leur région, ils fondent Les Bougies de Charroux, dans l’Allier. Ce sont des bougies créées à partir de parfums conçus à Grasse et développées dans les ateliers de la maison. Labellisés RAL, ils revendiquent la qualité de leurs bougies, les plus respectueuses de l’environnement et de la santé !

Depuis 2017, Pierre Corgnet leur fils reprend les rennes et ajoute sa touche geek ! Cette entreprise artisanale ajoute à son savoir-faire celui du commerce de détail. Pierre a structuré tous les process pour gérer les stocks en temps réels et améliorer les performances des boutiques. Insatiable, Il a fait le pari réussi de digitaliser les Bougies de Charroux.

Ecoutez Pierre parler de ce développement et des actions qui ont contribué à la performance de l’entreprise. Enfin, entendez-le parler de sa conviction à faire dialoguer artisanat et outils digitaux. C’est un plaisir !

Très belle écoute.

 
 

Eva Bellanger est tisserande. Elle n'aurait rien fait différemment car elle pense que c'est par l'expérience qu'on trouve sa voie.

Aujourd’hui, nous accueillons Eva Bellanger, elle est tisserande depuis 2013 et multiplie les activités puisqu’elle a son propre atelier, travaille pour un autre et donne aussi des cours.

Elle a appris sur le tas comme elle dit non seulement à trouver ce qui l’épanouit en termes de création et de savoir-faire et aussi dans sa manière de gérer son entreprise. Elle nous livre énormément de bonnes pratiques qu’elle a acquises par elle-même. Elle est devenue notamment une spécialiste du retro-planning : elle anticipe le plus possible pour mieux servir ses clients.

Nous partons sur les pas qu’elle a pris pour trouver sa place comme tisserande. Si elle devait recommencer, elle ne ferait rien différemment car elle pense que c’est par les erreurs qu’on progresse et qu’on trouve sa voie.

Bonne écoute !

 
 

Janaïna Milheiro - de la conception à la fabrication de pièces en plumes.

Aujourd’hui partons à la rencontre de Janaina Milheiro. Janaïna voulait être costumière. Finalement c’est dans la plume qu’elle a trouvé comment créer la magie.

Issue d’une formation de design textile, Duperré puis à l’ENSCI, où elle a appris comment la créativité peut être mise au service d’un usage, elle développe son propre savoir-faire plumassier qu’elle consacre au secteur de la mode et de la décoration d’intérieur.

Janaïna a été lauréate du prix ELLE des artisanes en 2021. C ‘est dans ce cadre que nous sommes allés à sa rencontre, pour qu’elle nous explique en particulier la façon dont elle aborde son processus créatif, seule, avec d’autres artisans d’art et aussi avec ses clients.

Belle écoute !

 
 

Augusto Tozzola, le grand tourneur en céramique "Maîtrise tes classiques, tu feras l'artiste après"

Aujourd’hui, nous faisons une rencontre pas tout à fait comme les autres. C’est Augusto Tozzola qui nous reçoit dans son atelier, dans son école où il a formé des centaines d’élèves au tournage en céramique, à l’exigence et au goût de l’apprentissage.

Augusto Tozzola a 94 ans et il nous reçoit à peine quelques jours avant de prendre sa retraite dans son pays d’origine, l’Italie. C’est Maurane Closier notre invitée sur l’épisode consacré au processus créatif qui reprend son école et c’est elle qui nous a introduit auprès de son maître.

Avec Augusto, nous voyageons dans le temps, au temps où les ateliers artisanaux employaient des tourneurs, des émailleurs, des modeleurs, où les commandes arrivaient de toute la France quand l’exigence était au rendez-vous.

C’est un amoureux de l’art qui nous parle, un grand tourneur, failli être pianiste, qui enseigne le tournage comme une succession de gammes d’une richesse infinie. Maîtrise tes classiques, tu feras l’artiste après, nous dit-il.

Allez jusqu’au bout de l’épisode pour découvrir ce qu’il dit et pense du talent.

Mais n’en disons pas plus et écoutons la voix chantante d’Augusto Tozzola !

 
 

Hervé Delumeau est ébéniste. Découvrez l’itinéraire d’un reconverti qui rêvait de façonner la matière.

Hervé Delumeau est ébéniste depuis 12 ans au Viaduc des Arts en plein cœur de Paris. Issu d’une reconversion professionnelle, il a su s’ancrer dans le Faire en apprivoisant rapidement le geste et en maintenant son cap initial. Il embrasse des projets sur mesure pour une clientèle particulièrement exigeante.

Fidèle à ses choix écologiques et à son sens de l’humain, Hervé trace son sillon dans un secteur en perpétuelle mutation ou l’approche fonctionnelle et esthétique est particulièrement appréciée.

Il décrit pour VOIES son accompagnement personnalisé dans des projets de vie, l’emplacement de cœur de l’atelier au Viaduc des Arts et surtout il évoque le lien humain qu’il  place au centre de son métier.

Très belle écoute !

 
 

Florent Blanchard, DOD Objets, il entreprend en se donnant à fond et façonne la matière pour donner du sens à sa vie.

Florent Blanchard, créateur d’objets lumineux et de mobilier nous accueille au sein de DOD Objets, une entreprise aux intentions vertueuses qu’il a créée en 2012.

Engagé en faveur de l’éco conception et du sur-cyclage  Florent conçoit dans son atelier à Ivry des pièces permanentes et sur mesure en bois, et prône un design durable et traçable sans pour autant perdre son potentiel esthétique.

Les étapes importantes dans sa trajectoire d’entrepreneur et qui ont permis à l’entreprise de décoller sont le financement participatif, l’orientation stratégique vers le marché professionnel ; et la participation intensive aux salons.

Rencontre avec un entrepreneur dans le secteur du faire bien ancré dans son époque et qui cultive l’espoir de changer nos modes de consommation.

Belle écoute !

 
 

Marion Huchet et l'Atelier Dreieck, reliure traditionnelle et de création

Marion Huchet, jeune relieure au sourire engageant, diplômée de l’école Estienne en 2011, nous fait partager son métier, qu’elle et son associée Anne-Claire Fessard, aiment à faire rayonner. Elles ont créé ensemble l’atelier Dreieck, qu’elles considèrent comme étant bien plus qu’un atelier de reliure, un studio d’expérimentation des arts du livre et du papier. C’est cette marque de fabrique qui a conduit par exemple l’artiste designer Xavier Majewski à leur confier un projet absolument fou : relier 11 000 pages qui pesaient 21 kilos de papier !

200616©EDAGUIN_Louis065.JPG

Soutenu par une galerie, Xavier Majewski a travaillé sur un algorithme qui lui permettait d’obtenir toutes les définitions wikipedia non inscrites dans l’encyclopédie Diderot et d’Alembert. Pour donner du relief à la quantité des définitions obtenues, il a voulu les imprimer et relier l’ensemble en un seul tome. C’est à Dreieck qu’il a confié cet incroyable travail et œuvre d’art. Marion et Anne-Claire ont dû imaginer une structure pouvant supporter 21 kg de papier, une centaine de cahiers, 50 cm d’épaisseur et garantissant la conservation du contenu, objectif initial d’une reliure ! Voilà le genre de projets auxquels Dreieck est capable de répondre.

Marion a parcouru un long chemin qui a façonné sa passion pour son métier. Lycéenne, elle a été attirée par la restauration d’œuvres d’art, ce goût lui venant de vacances en famille où elle aimait entrer dans les églises et voir les restaurateurs assis sur des échafaudages retoucher des colonnes à la feuille d’or ou nettoyer des fresques avec des tout petits pinceaux. Malheureusement cette filière étant réservée aux élèves scientifiques, elle a préféré passer par la voie d’un bac littéraire et une mise à niveau en arts appliqués (MANAA).

Puis elle a découvert l’école Estienne, cette école historiquement dédiée à l’imprimerie et devenue aujourd’hui l’école de référence du design de communication et des arts du livre. Elle a tout de suite été séduite par les matières premières, les livres et les papiers ainsi que les outils, les belles presses à percussion anciennes en fonte et chêne massif la plongeant dans l’ambiance des ateliers. Durant les deux années de Diplôme des Métiers d’Arts (DMA) en reliure, Marion a appris la reliure d’art alliant artisanat, création plastique et recherche littéraire. Elle a approfondi ses connaissances à l’Atelier de renommée Devauchelle où elle s’est spécialisée dans la restauration de couleur, réparation de papier et fabrication d’étuis. Elle y a appris aussi la vie d’un atelier où comme dans n’importe quelle entreprise, il faut apprendre la gestion commerciale, le travail en équipe, le back office… Lorsqu’une relieure chez qui Marion avait fait un stage lui a proposé de reprendre son fonds de commerce, elle avait alors toutes les compétences pour accepter.

At Dreieck.JPG
IMG_4659.JPG

C’est là que l’aventure Dreieck a commencé. Deux jeunes femmes, camarades de promotion à Estienne se sont associées, liées par leur amitié et par leur volonté de réunir leurs atouts, Marion en restauration et Anne-Claire en reliure traditionnelle. Leur atelier d’une cinquantaine de mètres carrés, situé à Pantin dans un quartier où nombreux artisans se sont installés foisonne de presses, cisailles, meubles industriels où elles rangent leur papier et leurs expérimentations graphiques… Leurs principaux clients sont des professionnels de l’art graphique qui veulent créer des prototypes pour les présenter aux maisons d’édition : photographes, graveurs, illustrateurs, graphistes et artistes contemporains.

IMG_0907.jpeg

Elles créent pour eux des boîtes sur-mesure ou des reliures modernes qui empruntent les techniques de montage à la reliure traditionnelle et inventent un style adapté au contenu de l’ouvrage. Elles ont également des commandes de maisons de luxe et de quelques clients particuliers qui souhaitent restaurer des reliures anciennes ou relier des livres chers à leur cœur. Un ouvrage de reliure traditionnelle coûte entre 300 et 500 euros et une reliure de création entre 1000 et 2000 euros du fait du travail artistique sur le décor et la structure. Elles aiment travailler avec d’autres artisans, graveurs, imprimeurs, typographes, doreurs, sérigraphes, papetiers…. afin de répondre sur-mesure à chaque projet de leurs clients.

cellules groupe 2.jpg
photo de famille.jpg

La papeterie Dreieck créée à la main par Marion et Anne-Claire vous fera découvrir leur univers, inspiré d’un style graphique très affirmé. Leurs carnets reliés selon une technique dite suisse emboîtent une dizaine de cahiers constitués d’une cinquantaine de pages au total, est en papier marbré ou en cuir végétal sur lequel sont imprimés des motifs par marquage à chaud. www.atelier-dreieck.com

Anne Goldfarb, plumassière et bijoutière réinvente l'art du bijou

Anne Goldfarb, après 20 ans dans les ressources humaines où elle a appris les dessous du monde de l’entreprise, a décidé de revenir sur un terrain plus artistique en 2011. En 2013, elle crée la marque de bijoux AnaGold. Anne est plumassière et bijoutière, elle aime la minutie du travail du métal, le patrimoine historique du bijou et aime s’inspirer de la nature comme d’un trésor. Ramassant depuis sa tendre enfance les plumes avec sa mère au hasard de promenades dans la campagne, elle a voulu rendre hommage à sa collection familiale.

Un des talents d’Anne est de savoir convaincre et elle le fait avec le plus grand naturel grâce à la confiance qu’elle a dans chaque projet qu’elle entreprend. Après ses deux ans de CAP « Art et Technique du bijou » à l’AFEDAP à Paris dans un cursus dédié au bijou contemporain, elle s’inscrit à la chambre des métiers et de l’Artisanat pour créer AnaGold. Elle convainc la couveuse GEAI (« Groupement d’Entrepreneurs Accompagnés Individuellement ») de la soutenir. Pour compléter son parcours d’autodidacte dans le travail de la plume, elle décide de se former aux techniques de plumasserie et c’est un fond dédié à la formation des entrepreneurs qui finance son cursus au lycée Octave Feuillet spécialisé dans les accessoires de Haute Couture. Elle devient donc officiellement plumassière après l’obtention d’un certificat délivré par le GRETA de la Création, du Design et Métiers d’Art (structure de l’Education Nationale spécialisée dans la formation pour adultes).

Anne a eu l’audace d’entrer dans l’univers de la plumasserie qui lors de la Belle Epoque comptait 800 maisons quand aujourd’hui il en subsiste quatre : Lemarié, qui appartient aux maisons d’art de Chanel, Février racheté par le Moulin Rouge en 2009, Marcy et la maison Légeron. Heureusement, il existe une jeune création contemporaine dans le domaine du design et de la mode haute façon qui font vivre le métier et sont une source d’inspiration pour Anne.

Anne aime toute la poésie qui se dégage des plumes. Elle aime le caractère et les reflets sombres des plumes de rapaces, les couleurs vives des plumes de geai et de paon, l’élégance des plumes de faisan... Elle a appris à les apprivoiser, les ciseler, les courber, les friser, monter un volume et une fleur. Elle se fournit dans sa collection personnelle, dans des élevages, auprès de chasseurs ou chez des professionnels. Puis elle imagine et crée à la main les structures de bijoux qui accueilleront l’ornementation en plumes. Elle a son atelier-boutique à Puteaux mais ses clients sont principalement des personnes rencontrées lors des salons pour particuliers ou professionnels.

Anne a imaginé également des pièces plus spectaculaires qu’elle a présentées au jury du salon Révélations, biennale internationale des Métiers d’Art et de la Création qui se tiendra en mai 2019 au Grand Palais. En acceptant sa candidature, elle a été admise aux côtés des artisans d’art les plus prestigieux du monde de la création d’art internationale. www.anagold.fr

Céline Flageul, une créatrice de bijoux qui a fait des pierres son terrain de prédilection

Quand j’ai vu arriver Céline dans notre atelier, pour remplacer une autre créatrice de bijoux lors d’une séance d’initiation, je ne la connaissais pas encore. En quelques instants, j’ai retrouvé dans son allure élégante le style de ses bijoux. Céline portait des longues boucles d’oreilles façonnées de jeux d’anneaux de différentes tailles et de différentes formes, d’un style contemporain qui donne du caractère à celle qui les porte. Les réseaux sociaux me permettaient déjà de m’intéresser aux œuvres de Céline, j’étais contente que le hasard d’un remplacement m’ait permis de la rencontrer.

Céline Flageul, deux mots pour désigner l’identité de la créatrice de bijoux et celle de sa marque. Rien de plus simple puisqu’ils racontent la même histoire, celle d’une jeune femme qui dès qu’elle a eu son bac a cherché à s’orienter vers une discipline artisanale. Marquée par un artisan qui sur un marché tapait sur le métal pour fabriquer ses bijoux avant de les vendre, elle a choisi cette voie-là sans trop d’hésitations.

Céline aime dans l’artisanat du bijou le travail du métal et le processus créatif qui commence par le dessin qu’elle a imaginé. Au préalable, elle a voulu se former à chacune des étapes. Son parcours est celui d’une perfectionniste qui ne se lasse pas de découvrir et d’apprendre des nouvelles techniques. Pendant trois ans, elle a commencé par alterner théorie sur le bijou et cours de dessin dans un centre de formation d’apprentis joailliers à Toulouse et apprentissage du métier chez un joaillier. Elle a construit les bases de sa discipline en apprenant à répondre aux requêtes variées des clients, de la simple réparation aux fabrications sur-mesure en métaux précieux. Grâce à cet apprentissage, elle a obtenu son CAP en métaux précieux et a aiguisé sa maîtrise du système « D » très utile pour son métier d’artisan. Céline ne se contente pas des bases même si elles sont solides, elle approfondit sa connaissance des pierres, son terrain de prédilection, en se formant à la joaillerie avec le GRETA de la Création, du Design et Métiers d’Art. A la différence de la bijouterie dont le rôle est de transformer le métal en bijoux, la joaillerie met en valeur les pierres. Céline a appris la sertissure et l’empierrage, ou l’art de préparer le support qui permettra au sertisseur de fixer la pierre. Puis elle a continué son exploration en poursuivant une formation en arts plastiques cette fois pour affirmer son sens de la création. L’univers de Céline s’est alors ouvert aux jeux de couleurs et de graphisme.

Céline Flageul, la marque, est née encore après plusieurs expériences dans différents ateliers, du bijou fantaisie aux paruriers haute-couture… Il semblerait que le monde des bijoux n’ait plus tellement de secrets pour Céline ! Sa marque a finalement vu le jour en 2013, pour répondre à son envie initiale de vendre les bijoux qu’elle a créés selon des techniques de joaillerie traditionnelle. Son identité est nourrie de son expérience et affirme un style très sûr. Céline manipule les métaux précieux et les pierres avec la dextérité de l’expert pour ancrer la griffe sobre et élégante de ses bijoux. www.celineflageul.com

HÉLOÏSE bossard, au DÉTOUR du papier

C’est au détour d’Instagram, que j’ai rencontré les œuvres inspirantes d’Héloise. Elle imagine un décor et le crée en découpant au scalpel des couches de papiers monochromes qui se superposent et créent une poésie de couleurs et de reliefs. Cette artiste, anciennement architecte s’est libérée de contraintes trop techniques proches de l’ingénierie pour se rapprocher de la création. Pourtant, à regarder ses œuvres, il nous paraît évident que la maquette n’a aucun secret pour elle. Héloïse est artiste, mais a les pieds sur terre, elle est douce et déterminée, dans son approche de la création comme dans la personnalité qu’elle dégage.

Portrait Heloise Bossard
geste.JPG

Combien de petits coups de scalpels pouvez-vous compter sur chacun de ses projets ? de plus en plus fins, ces petites marques permettent de créer des ombres, donnent de la profondeur à un décor pourtant créé seulement en deux dimensions. C’est la découpe qu’elle préfère, la phase la plus concrète puisqu’elle voit sous ses doigts prendre forme enfin le décor qu’elle a commencé par imaginer puis dessiner après des heures de recherche. A quel moment décide-t-elle de découper une couche d’une nouvelle couleur ? C’est le travail d’un artiste peintre qui connaît le secret des dégradés qui donnent du relief à un paysage plat. Mais Héloïse a tout appris à force de travail et d’expérience car il n’y a pas d’école spécialisée pour son métier. Son bagage artistique la suit toutefois depuis le lycée car elle avait déjà choisi une option artistique forte. Son école d’architecture et de paysage à Bordeaux lui aura donné confiance dans l’équilibre subtil entre création et construction.

Rose découpée au kirigami - Heloise Bossard
flamant rose.JPG

Quant Héloïse s’est détournée de son métier initial d’architecte, qu’elle trouvait de plus en plus technique, elle s’est tournée vers le graphisme pour trouver l’aspect créatif et graphique qui lui manquait. Mais c’est le contact avec la matière qui inconsciemment lui manquait le plus. Elle connaissait bien le papier, car elle avait observé pendant ses années d’arts plastiques au lycée les natures infinies de papiers utilisés selon les techniques. Puis pendant ses études d’architecture, elle cherchait indéfiniment les nouvelles textures et couleurs de papiers pour refléter les matériaux de ses maquettes. Mais c’est finalement en aidant l’artiste et scénographe Laure Devenelle dans un projet d’origami pour WWF que le papier s’est imposé à elle.

Aujourd’hui, c’est la nature qui inspire Héloïse, les fleurs, les animaux et les paysages, mais elle commence également à explorer les formes géométriques, elle imagine des motifs figuratifs mariés avec des formes abstraites, des découpages en dentelles ou des superpositions de couches… Tout est possible, tant que la poésie est là car c’est la même mélodie qui se dégage de chaque oeuvre délicate d’Héloïse. Elle aimerait trouver le moyen de colorer elle-même ses papiers pour apporter de la structure au monochrome notamment dans le découpage en dentelles.

japon paysage.JPG
bateau kirigami - Heloise Bossard

Héloïse peut utiliser du papier Canson, mais sa préférence va aux papiers washi de Awagami factory, fabriqués au Japon à la main. Elle va chez Calligrane rue du pont louis Phillipe ou chez Sennelier quai Voltaire pour les acheter et pour les faire vivre grâce aux œuvres qu’elle crée essentiellement pour les particuliers. Au detour du papier, jeu de mots et de papiers créés par Héloïse Bossard.

dentelles - Heloise Bossard
dentelles orange - Heloise Bossard
diamants dentelles - Heloise Bossard

Paname Workshop, une aventure béton lancée par Gilles Martineau

Gilles Martineau, un homme que rien ne destinait à un métier artisanal dédie aujourd’hui ses journées à son magnifique atelier à hauteur sous plafond indécente, en plein cœur de Paris. Il a créé « Paname workshop » il y a un peu plus d’un an après une première carrière de manager commercial. Aujourd’hui, Gilles crée des objets en béton qui ont la finesse de pièces modelées en céramique et la robustesse du matériau de construction. Il a inventé son métier en observant minutieusement les artisans et leur savoir-faire lors des nombreux chantiers qu’il a orchestrés. Et ce sont ses rencontres avec artisans, techniciens et architectes qui lui ont redonné le goût de la création qu’il avait laissé de côté après l’enfance.

Contrairement à la plupart des métiers artisanaux, dont les savoir-faire sont très anciens, Gilles a créé le sien de toute pièce, inspiré d’une matière brute qu’il a appris à bien connaître en rénovant tour à tour restaurants et magasins. Le ciment est devenu son allié en se transformant, se mélangeant pour obtenir la composition idéale pour qu’une fois secs, les objets en béton aient la finition désirée. Cette recette secrète qu’il a longtemps expérimentée est issue d’une alliance entre un ciment blanc très fin, du sable de silice et des fibres de verre qui viennent remplacer le gravier utilisé pour le bâtiment.

Il n’y a pas de formation pour le métier de Gilles, car le béton décoratif ne s’apprend pas en maçonnerie. Il tient son expérience de sa curiosité, de son sens de l’observation et de sa patience face aux contraintes d’un matériau qui n’a jamais fini d’être exploré. La seule compétence technique qu’il a acquise grâce à une formation est la modélisation 3D car les étapes de création d’un objet nécessitent des dessins très précis en trois dimensions, car ils vont être utilisés pour fabriquer les moules des futurs objets.

La clientèle de Gilles est internationale aussi bien pour des particuliers que pour des professionnels qui le découvrent grâce au référencement de son métier sur internet, assez unique. Gilles propose des objets utilitaires aux particuliers allant du bougeoir à la lampe baladeuse, aux petits et grands pots, unis, marbrés, à l’aspect brut et lisse, de 7€ à 75€. Mais les projets qui passionnent Gilles, ce sont les commandes de professionnels, maisons de luxe, bijoutiers, agences de communication… qui demandent créativité et réactivité. Elles le stimulent et lui permettent de réinventer ses techniques à chaque nouveau projet sur-mesure.

Gilles travaille dans le sentier, ce qui lui apporte une dynamique de création car beaucoup de choses naissent dans ce quartier. Pour utiliser le gros matériel comme les machines à découpe laser ou les fraiseuses numériques, il va au TechShop. Son atelier ressemble à son quotidien de touche-à-tout comme il aime dire. Il évolue entre une zone de création avec des machines, une zone de fabrication qui déborde régulièrement dans d’autres pièces en fonction des commandes, un studio photo, un coin bureau et un canapé ! Un bel endroit qui inspire cet explorateur de la matière et inventeur de nouveaux projets en béton ! www.panameworkshop.com

Laurie & Les Petites Mains, une seule personne qui fourmille d’idées créatives autour du papier.

Quand vous rencontrez Laurie Archambault, vous découvrez une jeune femme douce et gracieuse qui parle de son métier de relieure tout en délicatesse. J’ai repéré le travail de Laurie autour de la papeterie de luxe en parcourant des sites web de créateurs. Puis nous nous sommes parlées au téléphone pendant un long moment, la plus grande partie du temps pour parler d’autres créateurs qui exposaient sur un salon où Laurie avait également présenté sa collection de carnets. Curiosité et empathie, deux autres caractéristiques de la personnalité de Laurie. Enfin, je l’ai rencontrée « en vrai » au Bon Marché, au milieu de ses carnets qu’elle exposait, à côté d’une de ses petites presses de notaire anciennes qu’elle aime collectionner. Couvertures en bois, papiers ou cuirs, tous délicats comme elle, j’ai finalement choisi un carnet en cuir souple et doré pour un parfait cadeau de Noel, que je n’ai jamais voulu céder…

Laurie est intriguée par le papier depuis la petite enfance. Présent partout, dans les manuels scolaires et les cahiers, les prospectus et les emballages, il fait de l’œil à Laurie qui cherche à comprendre quelles seraient les déclinaisons autres que cet usage industriel. Laurie s’y est intéressée jusqu’à aller en cachette en troisième aux portes ouvertes de l’école Estienne, réputée pour l’imprimerie et les arts graphiques.  Emerveillement ! de l’endroit et de l’atelier de reliure, de l’univers et du professeur en blouse blanche qui présentaient quelques ouvrages reliés. C’est donc à l’école Estienne que Laurie a obtenu en 2011 son Diplôme des Métiers d’Art (DMA) en reliure-dorure. Lors de cette formation, le livre est l’objet de l’étude et les élèves apprennent à concevoir l’habit, révélateur et expression du contenu.

Naturellement, Laurie a constitué ses premiers contacts lors de cette formation : des professionnels, libraires ou illustrateurs mais aussi de particuliers intéressés par son parcours. C’est ainsi qu’elle s’est inscrite en 2012 à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat en tant qu’artisan auto-entrepreneur. Laurie a aménagé chez elle un petit atelier d’où elle travaille et peut recevoir ses clients. La majorité d’entre eux sont des artistes qui veulent concevoir leur book ou relier des exemplaires en édition limitée de leurs travaux et elle est également sollicitée pour des travaux de restauration ou de reliure pour des particuliers bibliophiles.

Mais ce qu’aime aussi Laurie, c’est inventer, imaginer des créations originales en papier, en bois, en cuir avec ses petites mains dont elle a fait le nom de sa marque. Laurie & les petites mains créent des carnets, des bijoux, des décors. Elles plient, déplient, replient selon une étude mathématique pas du tout improvisée. Laurie passe du temps à dénicher les matériaux les plus jolis, est la cliente privilégiée de la spécialiste à Paris du papier japonais Adeline Klam et a fait l’admiration de l’auteure, scénariste et blogueuse Caroline Franc (@penseesbycaro). Celle-ci dont Laurie à ses tout débuts gardait les enfants a été réellement fascinée par la détermination de cette jeune fille pour la reliure et le papier, à tel point qu’elle a écrit un article qui a valu à Laurie de vendre en quelques heures tout son stock de boucles d’oreilles en origami ! 

Laurie aime la création et est sensible également à la transmission, notamment pour perpétuer des savoir-faire rares, comme en fait partie la reliure. Aînée de quatre enfants, elle a l'habitude d'expliquer et la pédagogie est naturelle. C'est un plaisir de la voir animer un atelier autour du papier à un groupe d'enfants qui sans s'en rendre compte au bout de plusieurs heures, repartent avec un projet qu'ils ont fièrement réalisé. 

www.laurie-et-lespetitesmains.fr

Mifille Miraisin, une marque de bijoux précieux conteurs d'histoires.

J’ai rencontré Bénédicte, rue Réaumur, dans ce quartier entre Sentier et République où foisonnent les fournisseurs des bijoutiers de Paris. J’ai découvert une jeune femme à l’air discret, aux yeux foncés cachés derrière ses lunettes et ses cheveux tout bouclés lui donnant un look bien à elle, reflétant sa personnalité unique, curieuse et décidée. Nous nous étions données rendez-vous pour qu’elle m’emmène dans son atelier qu’elle partage avec d’autres bijoutiers (« les ateliers du créateur »).

miFillemiRaisin-0304.jpg

Dans cette petite salle de réunion, où résonnent les coups de maillet, les sons des scies qui découpent le métal, et les frottements de polissage et de limage contre les bijoux, Bénédicte me raconte son parcours. Résolument issue d’une formation artistique, avec un diplôme d’arts plastiques obtenu à la Sorbonne puis une formation de design textile, elle a commencé à travailler comme assistante styliste, brodeuse, créatrice textile puis elle a rejoint un atelier de sérigraphie d’art. Bénédicte avait les mains d’un artisan d’art et le cœur d’une créatrice, mais elle s’est trouvée confrontée à la réalité parfois difficile des disciplines aux débouchés limités. Et elle a continué vers l’infographie et le web design, pour être responsable du service de production dans une agence de e-marketing. Mais Bénédicte, pour qui la création donne autant de sens à ce qu’elle entreprend, s’est sentie trop éloignée du monde qu’elle aimait. A ce moment-là, les envies créatives et une opportunité à Bruxelles lui ont ouvert la possibilité de changer de vie et elle a décidé de se former aux métiers de la bijouterie à l’Institut Jeanne Toussaint aux Arts et Métiers de Bruxelles.

Le rêve de la jeune fille qui aime regarder les bijoux, les essayer, les porter et son attirance de toujours pour les métiers de savoir-faire se sont concrétisés lors de cette formation. Pendant trois ans, Bénédicte a appris les bases de bijouterie / joaillerie, du dessin, de la gemmologie et de l’émaillage. Puis elle s’est spécialisée dans le bijou contemporain, qui consiste notamment à travailler la matière. Métal précieux ou non, Bénédicte varie les techniques pour explorer la matière.  

Mifille miraisin est née en mars 2016 pour ne pas laisser passer son rêve. Elle cite l’écrivain Marie-Claude Bussières qui décrit son état d’esprit : "La vie est trop courte pour la passer à regretter tout ce qu'on n'a pas eu le courage de tenter." Mifille miraisin est issue de l’expression « mi-figue mi-raisin » qui exprime pour Bénédicte les sentiments qui se contredisent et cohabitent, à l’image d’une jeune fille qui grandissait en imaginant les bijoux qu’elle voulait créer et ne se sentait pas encore une adulte et femme accomplie. Les bijoux de Bénédicte symbolisent des étapes de vie en portant des messages. En argent ou plaqué-or, ses bijoux sont simples et précieux, discrets et brillants, minimalistes et pleins de sens, ou simplement ludiques… Ils expriment à chacun ce qui veut bien être entendu. www.mifillemiraisin.com

apropos_ok.jpg

GIULIA CICCIU et sa marque de bijoux desidero inspiré de l’art DÉCO

Le nom « Desidero » que Giulia Cicciu a choisi pour sa marque de bijoux créée en 2012, inspiré de ses origines franco-italiennes exprime le désir : « J’ai envie ». Tout dans la personnalité de cette jeune femme pleine d’entrain évoque la volonté et en premier celle de faire de sa passion un métier. La reconnaissance de son talent lui a été apportée lorsque Les Ateliers d’Arts de France, syndicat professionnel des métiers d’art l’ont admise parmi ses membres en 2017.

Aujourd’hui Giulia vous reçoit dans sa boutique-atelier de la rue des Vinaigriers, pas loin de République, où se retrouvent nombreux acteurs de la bijouterie. Elle expose les bijoux qu’elle a créés et répond à des demandes sur-mesure. Elle-même se serait-elle crûe capable de répondre à ce premier client venu avec une améthyste taillée de façon très classique pour un projet de broche hyper moderne ? Pour lui, elle a créé un dessin au papier millimétré puis s’est entourée d’autres spécialistes : un maquettiste pour sortir une impression 3D en cire, un fondeur pour transformer la cire en métal, et un sertisseur pour placer la pierre, toutes les finitions du bijou lui revenant enfin à elle.

Giulia travaille le métal précieux, l’argent 925 dit argent massif, composé de 92,5% d’argent, les 7,5% d’autre métal conférant au matériau la robustesse nécessaire à la confection de bijoux. Elle crée aussi des bijoux en vermeil, argent massif plaqué de 5 microns d’or 18 carats. Giulia trouve son inspiration dans l'Art Déco, dont on retrouve l'influence dans les formes géométriques qu'elle choisit pour ses créations. Elle aime la simplicité d'un bijou qu'elle met en valeur en jouant avec le métal à qui elle donne tantôt des aspects polis, tantôt martelés ou sablés.

Giulia ne destinait pas son avenir aux bijoux car elle se projetait dans une carrière plutôt littéraire. Mais elle aimait les bijoux, elle aimait les porter, les assembler et la rencontre avec un joaillier alors qu’elle était lycéenne lui a laissé un sentiment fascinant. Pendant ses études de géographie à la Sorbonne, Giulia a continué à s’amuser en créant des bijoux avec une de ses amies, dont elles vendaient certaines pièces. Arrivée en fin de parcours quand il a fallu chercher un job, son passe-temps favori s’est révélé devenir une option professionnelle.  Pourquoi attendre quand on peut avant 26 ans profiter de programmes d’apprentissage qui permettent de financer sa formation et faire de sa passion un métier ?

C’est ainsi que Giulia a retrouvé les bancs de la Haute Ecole de Joaillerie, communément appelée l’école de la rue du Louvre, la plus ancienne école de bijouterie d’Europe formant chaque année 600 élèves aux métiers de la bijouterie-joaillerie. Pendant deux ans, Giulia a suivi une formation de 2 jours à l’école et 3 jours dans une entreprise de bijouterie. 8h pour apprendre toutes les techniques liées au métal, 4h de cours sur le travail de la cire et 4h d’histoire de l’art et de dessin technique. Chaque exercice permet d’aborder des techniques différentes et est noté pour que les élèves puissent passer leur certificat d’aptitude professionnelle, le CAP Art et technique de bijouterie-joaillerie dont Giulia a été diplômée en 2012. Après ces deux ans de formation technique à l'école et d'apprentissage chez un professionnel où elle a dû participer à la restauration de pièces et travailler pour des grandes maisons, Giulia était prête pour l'aventure Desidero. www.desidero.fr

Laurie Archambault a hérité du savoir-faire de l’art Ebru grâce à sa transmission par l’un des derniers marbreurs à le pratiquer à Paris, Baykul Baris Yilmaz.

Quand vous venez découvrir l’atelier de marbrure rue Levert dans le 20ème arrondissement, dans cette impasse partagée avec d’autres artistes, vous êtes ailleurs, vous entrez dans une ambiance, vous ne savez pas bien laquelle mais quand vous apercevez les projections d’encres qui habillent l’établi, vous comprenez.

Laurie Archambault, crédits Ibo Ogretmen

L’Ébru « nuage » est l’art traditionnel Ottoman qui consiste à créer des motifs colorés en appliquant des pigments de couleur au goutte-à-goutte ou au pinceau sur de l’eau puis à transférer ce motif sur du papier. Les dessins et les effets employés dans l’art du papier marbré sont, entre autres, des fleurs, des feuillages, des motifs ornementaux, des entrelacs et des lunes ; ils sont utilisés pour la décoration dans l’art traditionnel de la reliure. C’est à la main que sont broyé finement les pigments naturels avec de l’eau (diluant), qui sont ensuite mélangés à quelques gouttes de fiel de bœuf (un acide naturel) qui sert de liant, avant d’être déposés sur une préparation d’eau mucilagineuse, où les encres flottent en formant des motifs bigarrés (texte extrait de l’UNESCO sur le patrimoine culturel immatériel de l’humanité). 

Marbrure Laurie Archambault, crédits Ibo Ogretmen

Laurie & Les petites mains - art Ebru

Marbrure Laurie Archambault, crédits Ibo Ogretmen

Les connaissances et les compétences de l’Art Ébru sont transmises oralement dans le cadre de la relation maître-apprenti.e. Baykul Baris Yilmaz a été formé en Turquie par Alparslan Babaoglu.

Laurie son apprentie, est d’abord formée en reliure par les maîtres François Brindeau et Odile Douet, c’est à l’École Estienne qu’elle pratique la marbrure pour la première fois à l’âge de 17 ans aux côtés de Marianne Peters. Elle reviendra vers cette pratique aux côtés de Baris qui la formera 15 ans plus tard.

De la fabrication des pinceaux à la préparation des pigments jusqu’à la création des motifs imprimés sur papier, ce savoir à été transmis avec patience et précision. Cet apprentissage continue tout au long du parcours de l’artiste grâce à une pratique quotidienne.

L’art de la marbrure est arrivé en Turquie depuis l’Asie au XVème siècle à la grande époque de la tradition du décor, de l’ornementation et de l’ennoblissement du papier, utilisé pour la calligraphie et la décoration d’objets. Cet art est arrivé en Europe au XVIème siècle grâce aux grands voyageurs et négociants venus d’Orient. Baris fût un des derniers marbreurs à pratiquer cet art dans la plus pure tradition.

C’est au tour de Laurie de continuer à créer et un jour transmettre à son tour.

Les papiers marbrés sont historiquement et aujourd’hui encore utilisés pour les couvertures des livres reliés. La plupart des clients sont des relieurs, des bibliothèques et en particulier la Bibliothèque Nationale de France qui oeuvre pour préserver et conserver son patrimoine.

Baris a également pratiqué la marbrure suminagsahi, l’art ancestral japonais qui consiste à faire flotter de l’encre sur l’eau. C’est l’effet hypnotisant de la beauté du dessin qui prend forme sur l’eau qui pousse l’artiste à aller toujours plus loin dans ses recherches et à faire rayonner son art auprès du plus grand nombre. 

  • Retrouvez les créations mêlant reliure et papiers marbrés de l’atelier sur Instagram et Facebook.

  • Retrouvez les activités et initiations proposées par Laurie ici !

Laurie & Les petites mains - art Ebru

Marbrure Laurie Archambault, crédits Ibo Ogretmen

Marbrure Laurie Archambault, crédits Ibo Ogretmen

Bertille Blondon, une bijoutière instinctive qui s’inspire du travail des architectes et designers japonais

Artisans d’Avenir a poussé la porte de l’atelier du Père Tanguy rue Clauzel en plein coeur du quartier des Martyrs où Bertille Blondon partage une ravissante boutique-atelier avec deux autres bijoutières. La particularité du lieu tient au fait que l’ami de tous les artistes de la fin du XIX, le Père Tanguy, peint notamment par Van Gogh y a tenu sa boutique de couleurs.

Aujourd’hui, c’est Bertille, jeune bijoutière de 26 ans formée à l’École Boulle qui perpétue le savoir-faire. Bertille a créé sa propre marque de bijoux dès sa sortie de l’école. A quelques semaines du premier anniversaire de la boutique, Bertille nous livre plusieurs secrets de son parcours…

Bertille Blondon devant l'atelier du Père Tanguy

Artisans d’Avenir : Quand as-tu décidé de devenir bijoutière ?

Après une première année en droit, j’ai vite compris que ce n’était pas fait pour moi. J’ai pris le temps de la réflexion, et en fin de compte ça m’est apparu comme une évidence. J’avais rencontré une bijoutière quelques années auparavant, elle m’avait offert la possibilité de passer une journée dans son atelier ; ça avait été une révélation !

Quand j’y repense, je fabrique des bijoux depuis toute petite (souvent même au détriment de mes devoirs scolaires). Les amies de ma mère et même une prof me passaient déjà commande.

Quelle a été ta motivation principale ?

Dès le début de ma formation, je savais que je ne souhaitais pas passer par la case entreprise, pour m’installer directement à mon compte et fonder ma marque. L’idée d’être libre de créer, fabriquer mes propres bijoux et gérer ma petite entreprise, m’a tout particulièrement motivée.

Où trouves-tu ton inspiration ?

Je puise mon inspiration principalement dans les éléments naturels et architecturaux, notamment dans le travail des designers et architectes japonais. Après y avoir fait un échange artistique avec mon école, j’ai eu un coup de cœur pour ce pays, et je sais que ses lignes m’influencent beaucoup. Dans mon processus de création je suis assez instinctive. Je ne passe que très rarement par le dessin, je préfère mettre directement la matière en forme, j’en apprécie mieux les volumes.

Où as-tu été formée ? Et qu’est-ce que cette formation t’a apportée en particulier ?

J’ai été formée à l’École Boulle, un cursus en 5 années. Rigueur et passion sont les deux points les plus importants qui m’ont été transmis là-bas. C’est une École inspirante, dotée d’une excellente qualité d’enseignement. 

Quel a été ton parcours après ta formation ?

M’immatriculer en auto-entreprise aussitôt, pour monter ma marque de bijoux modernes et précieux. Aujourd’hui j’ai une Boutique-Atelier en plein cœur de Paris.

Quelle est pour toi la clef de l’apprentissage d’un métier comme la bijouterie ?

Être curieux, motivé et patient sont des clefs essentielles lorsque l’on se lance dans cette formation. Ensuite, si le formateur a à cœur de vous transmettre son savoir et ses savoir-faire, la passion pour le travail de la matière et pour la découverte de cet univers précieux et mystérieux vous gagnera vite !Bien sûr, il faut doté de quelques aptitudes manuelles ! La MAIN, (au même titre que l’œil) est au cœur des processus d’apprentissage des métiers d’art !

Sculpture du bijou
vrac.jpg

Qui sont tes clients ?

Des profils assez variés : des catégories socio-professionnelles diverses et des personnes de tous âges. Ce qui les rassemblent :

  • Leur conviction d’acheter un objet porteur de sens, puisque issu de l’artisanat et de la transmission de savoir-faire ancestraux.

  • S’approprier un bijou au design audacieux et dont les aspérités de la matière le rendent unique.

Quelle est ta gamme de prix ?

De 29€ à 285€ pour les bijoux en argent et vermeil, afin d’offrir une gamme de choix pour tous les budgets. Sur devis pour les commandes sur-mesure en or 18 carats.

Quelle matière travailles-tu ?

L’argent est ma matière de prédilection, j’en apprécie ses caractéristiques chimiques. Je travaille aussi le Vermeil (argent + 5 microns d’or 24 carats) et l’or 18 carats pour des commandes. C’est certainement le métal le plus agréable à manipuler.

Est-ce dur de vivre de ton métier ?

Oui, comme pour tous les métiers d’art me semble-t-il. Nous ne sommes pas rémunérés à hauteur de nos investissements temporels. Pour ma part, ma marque est encore jeune et l’activité au sein de ma boutique est prometteuse d’un bel avenir. Et puis finalement, tout cela est très subjectif. Se réveiller chaque matin pour vivre de sa passion mérite tout l’or du monde.

As-tu un conseil pour les personnes qui souhaitent s’orienter vers la bijouterie ?

 Aimer avant tout le travail de la main. Ne pas se précipiter et se décourager aux premiers « échecs ». Acquérir les bons gestes et utiliser les bons outils pour dompter la matière sont des processus longs. Mieux vaut être minutieux et de nature perfectionniste. Pour rester positif.ve, c’est un métier où l’on ne peut que progresser et être passionné chaque jour davantage !

 En savoir plus :

Instagram : @bertilleblondon

Belinda Leduc-Pollard,

Artisans d’Avenir s’est arrêté sur la route de la brodeuse Belinda Leduc-Pollard, créatrice de la Maison Abel. Passionnée, en quête d’expérimentation sur les matières, elle semble aussi habile entrepreneuse qu’artisan d’art. Belinda nous dévoile son parcours loin des sentiers battus.

Belinda Leduc-Pollard, Maison Abel

Quand as-tu décidé de devenir brodeuse ?

Après une licence en Arts Plastiques à l'Université de Rennes, puis un master en cinéma à Bruxelles, je suis entrée à la Fémis en 2008 pour 4 ans, pour devenir productrice de cinéma. Pendant 4 années, j'ai produit des courts et long-métrages, j'ai fondé une société de production, tout fonctionnait bien mais je ne m'épanouissais pas, ce milieu n'était plus en adéquation avec mes valeurs et mes envies créatives. J'ai donc entamé une reconversion professionnelle en 2016.  Au début je me suis orientée vers la couture, j'ai expérimenté plusieurs médiums pendant une année. J'ai vraiment su que j'allais changer de métier le jour où j'ai commencé à broder.

Quelle a été ta motivation principale ?

C'était surtout un besoin, j'avais mis de côté ma pratique artistique depuis 2008, j'avais besoin de reprendre ce processus créatif qu'est la recherche, l'expérimentation, l'apprentissage de nouvelles techniques.

Broderie d'art Belinda Leduc

Où trouves-tu ton inspiration ?

Au début, j'ai beaucoup puisé mon inspiration dans les représentations du vivant ;  du marché du dimanche aux créatures littorales, des atlas botaniques aux oiseaux de printemps... Le biotope des bijoux brodés de Maison Abel se déclinait dans une recherche et une retranscription graphique et lumineuse de ces éléments naturels.

En ce moment, je travaille différemment. Je suis sur un projet de recherche plus personnel, avec une exposition de grands formats brodés et des pièces qui seront des « bijoux sculptures », alliant broderie et travail du métal. C'est au programme pour 2020.

Où as-tu été formée ? et qu'est-ce que cette formation t'a apportée en particulier ? Peux-t-on être autodidacte ?

J'ai suivi une formation de modélisme et couture au lycée Paul Poiret avec le Greta de la Création, et du Design et des Métiers d’Art, puis une année de formation en Stylisme «Création d'une collection» toujours  à Paul Poiret. Ce fut une année déterminante pour mon projet de création d'entreprise. En parallèle, j'ai appris la broderie en autodidacte, avec des livres et des vidéos. Au bout d'une année,  j'ai ressenti le besoin de faire évoluer ma pratique pour pouvoir donner vie à des projets plus poussés, mais aussi me professionnaliser en temps qu'artisan d'art. J'ai suivi pendant un an une formation en cours du soir proposée par le GRETA au lycée Octave Feuillet. J'ai obtenu mon CAP de broderie d'Art à la main en juin dernier.

Broderie hirondelle Belinda Leduc
Variété de broderies de Belinda Leduc

Quel a été ton parcours après ta formation ?

J'ai rapidement travaillé en haute couture, pour le défilé FENDI. Ce fut une expérience très riche et totalement différente de mon quotidien de brodeuse, souvent assez solitaire.

Depuis mon diplôme, je donne des cours de broderie au fil d'or. La transmission de mon métier d'artisan d'art me tient beaucoup à cœur. Les rencontres qui naissent de ces ateliers, le dialogue autour de la broderie sont des moments que j'affectionne de plus en plus.

Quelle est pour toi la clé de l'apprentissage d'un métier comme la broderie ?

Pour moi, la clef, c'est de tester, encore et encore. Persévérer et se donner des défis. Quand la technique vous manque ou la matière vous bloque, tenter de la comprendre et se donner le temps pour la maîtriser.

Qui sont tes clients ?

C'est très hétéroclite, ce sont majoritairement des particuliers dont je trouve quelques points communs, comme une sensibilité aux métiers d'arts et au travail fait main, au temps passé sur une broderie, au caractère unique d'une pièce brodée.

Quelle est ta gamme de prix ?

Entre 75 et 250 euros pour une broche en fonction du temps passé à broder et des matières utilisées, cela peut monter pour des commandes ou des pièces uniques.

Quelle matière travailles-tu ?

Je travaille avec des matériaux de qualité que je source avec attention et exigence. Pour la broderie d'or, cannetilles et jaseron sont constitués d'une base cuivre recouverte d'argent puis plaquée or, les fils de soie viennent exclusivement de chez Au ver à soie, les fils métallisés proviennent de la Maison Sajou, fabriquant de fil à broder du Nord de la France.

C'est dur de vivre ce métier ?

C'est une grande chance. Je crée, je fabrique, je me nourris chaque jour du dialogue avec des artisans, des artistes, des architectes, des cinéastes. Il faut être polyvalent, avoir « un peu » la fibre entrepreneuriale, et ne se fermer aucune porte.

Il y a des mois plus difficiles que d'autres, des moments de vides et d'autres surchargés, des journées à ne faire que des factures ou des dossiers, des photos et de la communication...mais c'est aussi ça que j'apprécie, chaque journée est différente et être artisan d'art c'est toucher à tout. On ne s'ennuie jamais !

As-tu un conseil pour les personnes qui souhaitent s'orienter vers la broderie ?

Le conseil que je donnerais serait de ne pas hésiter à aller voir un (e) brodeur (euse), poser pleins de questions, observer, pousser la porte d'un atelier de broderie pour vous confronter à la réalité du métier. Et parfois il ne faut pas trop réfléchir, et se lancer !

Un facteur clé de succès ?

La broderie est une pratique en plein essor, et c’est une très bonne nouvelle. Se faire une place demande de la persévérance, mais il faut surtout avoir une proposition singulière, personnelle et authentique. Le marché est parfois compliqué, il faut beaucoup montrer pour exister sur les réseaux et se faire connaître, tout en protégeant son travail de la copie…

Quelque chose à ajouter ?

Nul besoin de matériel compliqué pour broder, un fil, une aiguille et vous pouvez donner vie à tellement de choses. La broderie permet un déploiement de la créativité qui est très riche que ce soit d'une façon ludique ou à travers des projets plus complexes et techniques.

Broderie inspirée de la nature Belinda Leduc
Clématite brodée Belinda Leduc

 En savoir plus :

Instagram : @maisonabel

Site web : https://www.maisonabel.com/

Hélène Pierucci, vous êtes sellière-maroquinière. Parlez-nous de votre métier.

Hélène Pierucci, maroquinière Atelier Po!

Hélène Pierucci, maroquinière Atelier Po!

Cuirs provenant de France et d’Italie

Cuirs provenant de France et d’Italie

Un jour de grève et de pluie du mois de décembre, je suis allée à Suresnes dans la galerie La Verrière. J'avais très envie de rencontrer tous ces artisans d'art installés depuis quelques mois dans une dizaine d'ateliers, grâce à l'aide de la mairie soucieuse de valoriser le patrimoine culturel local. Un bel éventail du savoir-faire français : restaurateurs d'art, céramiste, bijoutières, maroquinière... C'est ici que j'ai rencontré Hélène Pierucci, devenue sellière-maroquinière en 2012 après une première vie professionnelle.

helene, Quand êtes-vous devenue maroquinière ?

Il y a environ 8 ans de manière bien claire (2012). J'avais devant moi près de 20 de vie professionnelle et je ne me voyais pas faire le même job pendant tout ce temps. A l'époque je ne connaissais pas la différence entre sellier maroquinier et maroquinier. La différence entre les deux est le type de finition, à bords francs chez les selliers maroquiniers, nécessitant une couture réalisée à la main et à bords “rembordés” par la matière chez les maroquiniers.

Comment vous-êtes vous formée a la maroquinerie ?

J’ai commencé à me former seule avec internet puis j’ai complété par un CAP de maroquinerie au Greta du design et des métiers d’art à Paris. J’ai financé moi-même la formation et cela m’a coûté 7 500 euros. J’ai appris les bases techniques théoriques et pratiques indispensables. Mais ce que j’ai appris d’essentiel, c’est auprès de mes confrères. C’est la clé !

Etes-vous formée également à être chef d’ENTREPRISE ?

Je gère aujourd'hui une entreprise et cela va bien au delà de l'exercice de la maroquinerie. Je gère moi-même la comptabilité, la communication, je gère tous les dossiers financiers : bancaires, budgets prévisionnels, calculs des coûts de revient etc... Je m'occupe des dossiers fiscaux, légaux et juridiques, ce qui est très important pour limiter les charges en debut d'activité. Pour toute cette partie de ma vie professionnelle, j'ai la chance d'être titulaire d'un master en contrôle de gestion et de 25 ans d'expérience professionnelle en tant que directrice financière et dirigeante de société. Je mentionne cette formation car elle est vraiment importante pour devenir artisan indépendant.

Pouvez-vous nous décrire les grandes étapes de votre parcours ?

J'ai fait des stages, des stages et puis enfin le grand saut ! Mon quotidien est beaucoup plus dense aujourd'hui qu'au debut surtout en matière de production. Je produis 12 heures par jour, six jours sur sept presque toute l'année.

Je vous décris ma journée type : 1h d'administratif et de communication, 1h de commercial et le reste du temps, je le consacre à la production. Je dédie également une demi-journée par semaine au prototypage et à la création.

Qui sont vos clients ?

75% de mon chiffre d’affaires est réalisé avec des professionnels et 25% avec des particuliers (de profil CSP+ avec positionnement haut de gamme)

Vivez-vous de votre métier ?

Il se dit qu'il faut cinq ans pour avoir une idée de viabilité ! Mon entreprise a des comptes équilibrés et une trésorerie saine. Mon choix a été l'investissement durant les premières années au détriment d'une rémunération modeste. Sans ces investissements, il m'aurait été impossible de croître et de répondre aux demandes de sous-traitance. 

Mon salaire actuel est de 750 euros bruts par mois ! Et je travaille 60 heures par semaine !  Je suis à une étape palier dans la vie de mon entreprise et je cette année je pourrai gagner un SMIC !

Mais il ne faut surtout pas rêver !! Il faut pouvoir tenir financièrement cinq ans, je pense. C’est le temps de créer une clientèle et c'est assez long. Les deux ans de chômage ne sont pas suffisants !

Un conseil pour les personnes qui veulent se réorienter vers la maroquinerie ? 

Il faut être lucide. Etre maroquinier c'est être artisan ouvrier ! Il faut aimer faire, refaire et refaire la même chose ! Attention aux ambitieux créateurs, car la création nécessite beaucoup de moyens (stock, matériel, matériaux, développement etc...)

quelle est votre motivation quotidienne ?

Il est incontestable que ce métier est assez difficile, physiquement et financièrement ! Mais je savoure mon quotidien car ma carrière est derrière moi et je n'ai plus de gros besoins financiers. Je me sens libre et aider les autres à fabriquer comble mes ambitions créatives.

Pour retrouver Hélène Pierucci : L’atelier Po !

Propos recueillis par Aude Augais.

Marie Fourcade, tu es brodeuse d’art. Parle-nous de ton métier

Marie Fourcade

Marie Fourcade

Lunéville

Lunéville

J’ai rencontré Marie sur ce lieu un peu particulier, 51 boulevard Exelmans dans le 16ème à Paris. Ce lieu vivant autour d’une belle et grande cour se nomme les 5 toits. C’ est une ancienne caserne de gendarmerie reconvertie en lieu d’accueil transitoire pour les réfugiés. Plusieurs ateliers sont occupés par des artisans. C’est donc là que vous pourrez rencontrer Marie, habitée par l’envie de transmettre son métier y compris aux réfugiés. Vous pourrez rencontrer aussi d’autres artisans tapissier, ébéniste, modiste…

En parlant avec Marie, vous rencontrez les métiers d’art. Un univers difficile à pénétrer, exigeant, où seuls les passionnés peuvent trouver leur place. Marie nous explique son parcours de brodeuse d’art et sa vision de ce métier rare.

Quand as-tu décidé de devenir brodeuse ?

Il y 40 ans, une exposition de broderie dans un convent m’a convaincue de devenir brodeuse. Quand j’ai découvert ces broderies XVIIIème je me suit dit que c’est ce que je voulais faire. J’ai mis 18 ans avant d’y arriver ! C’est le plan social du Club Med qui m’a facilité la transition. L’école Lesage venait d’ouvrir ses portes depuis 1 an. C’est là que j’ai suivi une formation de 2 ans.

Comment as-tu exercé ce metier ?

Je ne voulais pas être brodeuse d’atelier car je craignais les tâches trop répétitives et je ne voulais surtout pas perdre ma passion. J’ai choisi d’être brodeuse à domicile. Cela convenait également à ma situation familiale avec des jeunes enfants.

En se faisant connaître, il y avait à l’époque (il y a 25 ans) beaucoup de travail. Ateliers de broderie ou couturiers donnaient du boulot car la haute couture avait de l’argent. Depuis certaines maisons ont fermé, les maisons utilisent moins la broderie et la main d’oeuvre a beaucoup été délocalisée en Inde.

En étant brodeuse à domicile, j’ai beaucoup travaillé comme intérimaire pour des agences spécialisées dans la mode et le luxe : Modelor, KSI Mode et sur la fin Caméléon également. Elles me permettaient d’avoir des missions dans des ateliers de broderie. J’ai adoré travailler chez Lesage, j’ai trouvé le niveau de rigueur et d’excellence que j’ai toujours recherché dans mon métier. Mais j’ai arrêté l’intérim car j’ai trop souffert des fins de missions où tout s’arrête du jour au lendemain après des périodes intenses. Aujourd’hui je me consacre à la formation. Je donne des cours au lycée Octave Feuillet en cours du soir adultes pour le GRETA des métiers d’art et de la création et les cours municipaux de la Ville de Paris. J’ai également des élèves qui viennent à mon atelier pour compléter les techniques apprises en CAP ou pour apprendre les techniques de base enseignées en CAP. J’ai de la chance, cela fonctionne très bien et je ne dépends plus d’autres contrats.

Quels sont les ateliers de broderie d’art et comment fonctionnent-ils ?

Les ateliers les plus connus sont Lesage et Montex qui appartiennent à la maison Chanel, Vermont qui appartient à Dior et des maisons indépendantes comme Safrane Cortambert, Cécile Henri , Hurel ou l’Atelier Vernoux qui est le plus récent. Ils travaillent pour la Haute Couture et pour renforcer leurs équipes en période de collection, ils font appel à d’autres brodeuses qui ne sont pas salariées. (NDLR : je dis brodeuse car les hommes sont extrêmement rares dans la profession même s’il y en a quelques-uns). La gestion des brodeuses dans un atelier appartient à la première d’atelier qui juge en fonction des profils et de l’expérience des brodeuses les pièces et les tâches qu’elle va leur confier.

Quelle est la formation idéale d’une brodeuse ?

Un CAP pour apprendre les bases. Le lycée Octave Feuillet forme chaque année 60 brodeuses. Puis le réel apprentissage se fait dans les ateliers. Pour être aguerri, il faut travailler dans les ateliers car c’est là qu’on est confronté aux défis techniques.

Quel est le profil des brodeuses aujourd’hui ?

Il n’y a presque pas de possibilité d’embauche car les brodeuses salariées quittent très peu leur atelier. Les places se libèrent à la retraite des précédentes donc il ne faut pas trop compter dessus ! Les brodeuses formées travaillent donc comme auto-entrepreneures ou intérimaires et parfois ont un autre savoir-faire pour compléter !

Quelle est la différence entre auto-entrepreneur et intérimaire ?

Quand tu es en free lance, tu dois travailler de chez toi. Tu as aussi moins de protection sociale que quand tu es intérimaire. Un contrat d’intérim encadre le travail réalisé à l’atelier, tu es limité à 60 heures par semaine en période de collection (ce qui est déjà pas mal !). Ce n’est pas le cas quand tu es en free-lance car il n’y a pas de plafond d’heures !

Marie, pourquoi es-tu brodeuse ?

L’aiguille et le fil qui traversent l’étoffe et qui l’embellissent ont toujours été et continuent d’être une fascination.

Pour retrouver Marie Fourcade écrivez-lui ici

Propos recueillis par Aude Augais.

Béatrice Balivet, exploratrice de la matière

Béatrice Balivet

Béatrice Balivet

Bijoux en feutre

Bijoux en feutre

Béatrice Balivet est de ces femmes dont la voix douce vous emporte dans son monde. Celui de Béatrice est constitué de matières, de feutre, de laine, de porcelaine, de matériaux plus industriels et recyclés... Elle les touche et les transforme en bijoux, en objets. La poésie fait partie de son univers.

Comment etes-vous devenue artisan d’art ?

En parallèle de mon parcours professionnel de salariée j’ai toujours eu une activité artistique annexe. En 2010, j’ai rencontré une céramiste et découvert la porcelaine et j’ai adoré. Le bijou est venu ensuite, un peu par hasard avec le bijou contemporain qui laisse une grande liberté dans le processus de création et dans le choix des matériaux.

Au fil des années, pour ouvrir le champ des possibles, j’ai abordé d’autres matériaux (tout en continuant à travailler la porcelaine) tels que le textile, la laine, des matériaux plus industriels ou détournés.

quelle a été votre motivation principale pour vous lancer ?

Me donner la chance de faire ce qui me passionne ! En prenant le temps de commencer à développer mon activité en gardant les premières années mon activité salariée à temps partiel.

Comment vous êtes-vous formée ?

J’ai suivi des formations continues auprès de professionnels au fil des techniques que je souhaitais acquérir : Haute Couture et stylisme à la Chambre Syndicale de la couture, techniques céramiques avec Nathalie Domingo, créateurs de bijoux contemporains avec Gilles Jonemann,  bijoux en porcelaine avec Luca Tripaldi, formation métal à l’école Boulle avec le GRETA, techniques du feutre et mouvements, texture et reliefs avec Annelie Petiqueux, Françoise Christien puis Alice Bridier. Enfin j’ai été formée à la création produit, dessin et couleur aux Ateliers d’Art de France en étant adhérente.

Ces formations étant très pratiques et donc mises en œuvre rapidement, elle m’ont permis, en travaillant, d’apprendre les techniques nécessaires, les développer, résoudre les problèmes rencontrés, développer mon point de vue créatif…

Comment avez-vous financé votre formation ?

J’ai commencé à financer les formations alors que j’étais encore salariée. Puis à mon départ, mon entreprise m’a accordé un budget pour la formation.

Quel a été votre parcours après votre formation ?

Je me forme toujours régulièrement ! C’est la façon de créer, réaliser, de fabriquer qui évolue. Je me suis installée il y a moins d’un an à la galerie La Verrière à Suresnes ouverte à une dizaine d’artisans d’art. Cela a modifié mon quotidien, les rencontres, le partage, les échanges…

Qui sont vos clients ?

Ce sont essentiellement des clients particuliers. Ma gamme de prix est assez large selon les pièces que je réalise.

Est-ce dur de vivre de votre métier ? comment peut-on réussir ?

Vivre d’une activité artisanale est compliquée. Il est difficile de pouvoir faire payer un savoir-faire au juste prix : le temps de la création et de la fabrication. Par ailleurs, beaucoup d’activités annexes et importantes sont chronophages (commercial, salons, gestion, Internet, réseaux sociaux… ).

Je crois qu’il faut préparer avec soin une telle installation, prendre le temps et savoir que cela va être compliqué, pas rentable immédiatement. Peut-être avoir auparavant une situation financière un peu solide avant de se lancer dans une telle reconversion.

Merci à Béatrice d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Pour la retrouver :

web : beatrice-balivet.fr

Instagram : @beatricebalivet

Propos recueillis par Aude Augais.

Audrey Jezic, céramiste. A la frontière de l’art et de l’utile.

Logée à la galerie La Verrière à Suresnes, entourée d’autres artisans d’art, Audrey Jezic vous reçoit dans son atelier lumineux, autant que l’est son sourire. Vous découvrez ses pièces cuites en porcelaine, à la frontière de l’art et de l’utile.

Audrey Jezic, céramiste
Décor à l'engobe, Audrey Jezic

Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir CÉRAMISTE ?

Avant ma reconversion, mon parcours était bien différent. Après avoir obtenu mon master d'école de commerce, j'ai travaillé six ans en finance d'entreprise dans des grands groupes. J'ai choisi de devenir artisan céramiste car j'avais besoin d'exprimer ma créativité et de travailler de mes mains au quotidien. Depuis toute petite, j'ai toujours gardé un lien avec le milieu manuel et artistique (cours de dessin, d'histoire de l'art etc.).

comment as-tu dépassé la peur de te lancer ?

J’ai rationalisé mon projet en établissant un business plan réaliste, en rencontrant des céramistes, en posant beaucoup de questions, en m'interrogeant sur mes priorités et celles de ma famille. J’ai mesuré l’équilibre entre le fait d’aimer mon travail et la rémunération que j’attendais. Mon business plan a révélé qu'avec des hypothèses ambitieuses mais réalistes, je pourrais, au bout de deux ans, me verser un petit salaire.

comment as-tu fait ce business plan et Es-tu en ligne avec tes objectifs AUJOURD’HUI ?

Je fait ce business plan en grande partie seule en m'aidant du site de l'Agence France Entrepreneurs (aujourd'hui BPI France) et grâce à de nombreux rendez-vous avec des céramistes pour comprendre leurs problématiques quotidiennes : leurs charges, leurs choix de développement…

Aujourd’hui, je suis globalement en ligne avec les objectifs fixés même si, comme pour tout business plan, il y a des éléments que je n'avais pas pris en compte lors de la simulation ! Les chiffres et le développement de l'entreprise suivent la bonne tendance et c'est cela l'important. Aujourd’hui, la moitié de mon chiffre d’affaires est constitué par mes cours et l’autre par mes ventes.  

DSC_0684.JPG
DSC_0576 (2).JPG
DSC_0760.JPG

Quelle a été ta formation ?

J' ai été formée à l'école Arts et Techniques Céramiques. Cette formation m'a permis d'apprendre principalement le tournage mais également le modelage, l'émaillage, le moulage et tout ce qu'il faut savoir pour ouvrir un atelier de céramique.

L’apprentissage ne s’arrête pas à l’école. La clé est la patience et la persévérance car, comme tout métier manuel, il faut du temps pour intégrer les bons gestes, les sensations et réflexes qui permettent de bien gérer la matière.

As-tu une spécialité ?

J'ai deux grands axes dans ma création. D'un côté, il y a des pièces tournées en porcelaine (quelques vases et pichets mais principalement des sculptures), très sobres, sur lesquelles j'apporte parfois une touche de couleur vive. De l'autre côté, il y a mes sculptures en grès colorés, beaucoup plus brutes, minérales, voire animales. 

La porcelaine renvoie pour moi à l'élégance et à l'intemporel alors que le grès coloré est plus authentique, plus charnel, il donne envie de le toucher.

Dans les deux cas, mon travail se concentre autour de la forme et de ses courbes. Je pense que mon style influence mes clients, ne les laisse pas indifférents, car il est très fréquent qu'un client adore une collection mais en déteste une autre !

Qui sont tes clients et comment développes-tu ta clientèle ?

Aujourd'hui mes clients sont principalement des clients particuliers que je rencontre sur des salons, via les galeries où j'expose mon travail, lors de ventes éphémères, à la galerie d'artisans d'art dans laquelle se situe mon atelier et sur internet (pour la partie cours et stages essentiellement). Il n'y a pas de profil type, que ce soit en terme de genre ou d'âge. 

L'année dernière j'ai participé au salon Résonances à Strasbourg (un grand salon dédié aux métiers d'art) et au Grand Marché de l'Art Contemporain à Chatou. J'ai également exposé dans les galeries Feeling Art à Trouville, Vanaura à Versailles et Lumières de l'Art à La Garenne Colombes.

Mon ambition est de développer le BtoB et de développer mon activité de vente aux professionnels, tels que les décorateurs d'intérieurs par exemple.

As-tu un conseil à donner pour les personnes qui veulent se diriger vers la CÉRAMIQUE ?

Mon conseil serait de participer au moins à un stage long de céramique de plusieurs jours pour être sûr qu'on aime consacrer tout son temps à la matière et à ses difficultés. Il faut également s'assurer qu'on est capable d'exercer un métier où on est très seul.

Vase Satellite Bleu 5.JPG
Vase en porcelaine, Audrey Jezic céramiques
Vase en porcelaine, Audrey Jezic céramiques

Merci Audrey d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Témoignage recueilli par Aude Augais.

Pour retrouver Audrey:

site : audreyjezic-ceramiques.fr

instagram : @audreyjezic.ceramiques

Astrid de Chaillé, peintre en décor met en valeur son métier autant que ses décors

Je connaissais Astrid par les décors découverts sur les réseaux sociaux mais je n’avais toujours pas eu la chance de la rencontrer. Le contexte m’a empêchée d’aller jusqu’à son atelier mais j’ai pu m’entretenir un long moment avec elle. Après près de 20 ans de métier, elle est toujours aussi passionnée, elle vous le communique et vous donne vraiment envie d’en savoir plus.

Dorure à la feuille d or dans l escalier de l Hôtel particulier Villeroy à Paris

Dorure à la feuille d or dans l escalier de l Hôtel particulier Villeroy à Paris

Détails d’un panneau décoratif en grisaille du Château de Goulaine

Détails d’un panneau décoratif en grisaille du Château de Goulaine

Réalisation d’un faux-bois noyer

Réalisation d’un faux-bois noyer

Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir peintre en décor ?

J’avais 14 ans quand mes parents ont repris un hotel particulier XVIIème avec un gros travail de restauration. Tous les samedi, un peintre venait pour réparer, reboucher, enduire, restaurer, créer des décors. Ca a été un gros coup de coeur qui a motivé mon choix par la suite.

Quelle a été ta formation ?

J’ai commencé par suivre un cursus dans deux écoles d’Art Appliqué à Rennes et à Nantes pour apprendre le dessin pur (LISAA et PIVAUT) puis j’ai complété par une spécialité de peinture en décor en Bretagne avec Yannick Guégan, Meilleur Ouvrier de France. Ce n’est pas indispensable d’apprendre le dessin, beaucoup de peintres en décor n’ont pas cette expertise quand ils commencent. Jusqu’à aujourd’hui, l’école d’art Mural de Versailles a très bonne réputation. Chaque professeur a sa spécialité et c’est ce qui fait la richesse de l’enseignement. Au-delà de la technique, l’école apprend également à faire un devis, ce qui est clé quand on commence ! En dorure, l’école de la Bonne Graine a également très bonne réputation.

Poussières de feuilles d’or

Poussières de feuilles d’or

Faux marbre “Languedoc”

Faux marbre “Languedoc”

As-tu une spécialité ?

J’aime particulièrement réaliser du faux marbre, mais la richesse de notre métier est aussi la variété, chaque chantier est un nouveau challenge, ce qui me plaît beaucoup. Il m’est arrivé de réaliser un dressing en faux léopard… après un chantier au château de Versailles, c’est très varié !

Quand on travaille sur les chantiers, il faut tout d’abord avec une bonne connaissance des matières à imiter et des techniques de base. Il y a toutefois quelques spécialistes comme Bertrand de Lataillade pour les faux ciels, Amaury de Cambolas pour les faux marbres, même si bien entendu leur talent est aussi reconnu pour les autres fausses matières.

Fausse pierre Lapis-Lazuli

Fausse pierre Lapis-Lazuli

Faux marbre blanc veiné

Faux marbre blanc veiné

Qui sont tes clients ?

Je travaille beaucoup sur des chantiers de restauration du patrimoine (Fouquet’s, Château de Goulaine, Château de Versailles, Galerie Vivienne,..) et j’ai également quelques chantiers privés. C’est beaucoup plus difficile de travailler directement pour des privés car il faut avoir un bon réseau. Le bouche à oreilles a énormément d’importance. Comme artisan d’art indépendant, je travaille comme sous-traitant pour des ateliers spécialisés dans la restauration du Patrimoine. Les plus connus sont les Ateliers Gohard , les Ateliers Meriguet-Carrère et l’Atelier de Ricou dont j’admire l’expertise technique qui permet une parfaite préservation du patrimoine.

Comment réponds-tu à une demande de décor par un client privé ?

Je prends toujours en compte l'endroit où va se trouver le décor, les goûts et attente du client, l'éclairage, l'ambiance qui règne dans la pièce le style des meubles ou de la décoration ,... Ensuite je vais lui proposer une maquette s' il s agit d un panoramique, ou des échantillons s'il s agit d' une fausse matière. 

Faut-il du talent pour réussir à être un bon peintre en décor ?

Je dirais qu’avec le talent, le peintre en décor ira très loin. Son talent sera reconnu, admiré et envié. Sa réputation se fera toute seule. Mais avec beaucoup de travail et d'exercices, d’intérêt pour la matière, chaque peintre peut progresser et atteindre un bon niveau.

Il faut également résister à la pression d’un chantier où il faut souvent avoir terminé avant même de commencer ! Il faut aller vite, supporter la poussière, travailler parfois à plusieurs mètres de haut, avec une minerve, casque anti-bruit, scie circulaire à 1 mètre ! Il faut savoir réparer un joint, reprendre la peinture et l’enduit si l’entreprise de peinture n’a pas préparé le mur pour le décor. Il faut supporter l’utilisation de produits toxiques, un masque à gaz…

Mais après 18 ans, je suis toujours là, heureuse et passionnée par mon métier.

La lassitude existe-t-elle dans ton métier ?

Je ne la connais pas ! Chaque nouveau chantier est une nouvelle histoire. La passion de ce métier, l’amour du patrimoine, la variété des matières à réaliser, la satisfaction des clients, ... et puis s'endormir chaque soir en ayant créé, réalisé de ses propres mains en ne partant de rien. Impossible de s en lasser !

Le marché est-il saturé pour intégrer des nouveaux artisans ?

C’est un petit monde, nous nous connaissons tous en région parisienne, mais je ne pense pas qu’il manque de travail pour les peintres en décor. Etant mère de 3 enfants, je n’accepte que les chantiers en région parisienne et pourtant je ne manque pas de travail. Nous ne souffrons pas d’une forme de concurrence entre nous, au contraire nous nous entraidons !

En pleine dorure, sur l échafaudage au château de Versailles

En pleine dorure, sur l échafaudage au château de Versailles

Galerie Vivienne sous les arches de la verrière

Galerie Vivienne sous les arches de la verrière

Détail de faux merisier

Détail de faux merisier

As-tu un conseil à donner pour les personnes qui veulent se diriger vers la peinture en décor ?

Je leur conseille de faire des stages sur chantier pour se rendre compte du métier. Mais si ces personnes ont passion, méticulosité, patience et bonne forme physique, il n’y a pas de raison qu’ils n’y parviennent pas !

Merci Astrid d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Témoignage recueilli par Aude Augais.

Pour retrouver Astrid :

site : astriddechaille.com

instagram : @astrid_de_chaille

Flavie Paris, jeune joaillière à Paris.

Flav joaillerie c’est le nom de sa marque. Intimidante par les bijoux qu’elle façonne, Flavie renvoie une image d’elle très généreuse quand elle vous ouvre la porte de son atelier. Elle est jeune et curieuse, déterminée et talentueuse, c’est également une entrepreneuse qui a su avancer pas à pas en choisissant des risques qu’elle pouvait maîtriser.

Flavie à son établi

Flavie à son établi

Maquette cire avant fonte en or du modèle Héraclès, pièce unique

Maquette cire avant fonte en or du modèle Héraclès, pièce unique

Quelle a été ta formation ?

Mon parcours est singulier car j’ai commencé par trouver un contrat avec l’entreprise pour laquelle je voulais absolument travailler (Cartier) avant de choisir l’école qui pouvait me proposer une formation en alternance. Ca a été la Haute Ecole de Joaillerie. J’ai eu beaucoup de chance car je ne connaissais rien au savoir-faire à ce moment-là, c’était un pari que de signer un contrat d’apprentissage avec moi avant même que je sois formée. J’ai tout inventé pour parvenir à convaincre Cartier ! J’étais hôtesse dans des salons où je savais qu’ils seraient présents, j’ai écrit des lettres, relancé…. Finalement, Cartier m’a fait confiance, et je leur serai toujours reconnaissante !

J’ai donc passé 4 ans entre Cartier où je passais 3 jours par semaine et l’école où je passais 2 jours. 2 ans pour un CAP très axé sur la technique et 2 ans pour un DMA (Diplôme des Métiers d’Art, aujourd’hui appelé Bachelor) plus axé sur la création. Par ailleurs, j’avais fait comme formation initiale une license et un master d’histoire de l’art à la Sorbonne.

Quel est l’avantage d’une formation en apprentissage ?

Je n’ai pas payé l’école et j’ai été payée graduellement par Cartier. J’ai commencé par toucher 650€ les deux premières années, 800€ la troisième année puis j’ai été payée au SMIC la dernière année. L’âge limite de l’apprentissage est de 30 ans mais c’est un moyen extraordinaire pour se former, tout en limitant le risque financier. Le fait de travailler dans un atelier est également majeur pour progresser car il faut sans arrêt apprendre à dépasser les contraintes techniques. Je ne parle pas des pièces d’exception sur lesquelles j’ai pu travailler…

Bague Rainbow, collection Paris by Paris, or 18 carats et pierres précieuses

Bague Rainbow, collection Paris by Paris, or 18 carats et pierres précieuses

quelles ont été les étapes de ton entreprise ?

J’ai laissé mon entreprise grandir petit à petit en faisant des choix raisonnables. J’ai commencé par louer un établi dans un atelier partagé, j’ai limité mes revenus pour investir régulièrement. Il y a un an, j’ai loué un espace rue Saint Augustin à Paris pour y créer mon atelier dans lequel j’ai mon matériel, mes machines, je peux recevoir mes clients, avoir des stagiaires ou des apprentis. Je l’ai fait au moment où mon entreprise avait suffisamment de trésorerie pour le financer.

Tu es maître d’art, qu’est-ce que cela illustre ?

Ce titre est décerné par la Chambre des Métiers et de l’Artisanat pour illustrer l’expertise d’un artisan dont les pièces sont fabriquées à la main en France. Le fait d’avoir travaillé 4 ans chez Cartier, mon Bac + 5, mon DMA ont contribué aussi à me décerner ce titre. C’est honorifique et certainement rassurant pour mes clients !

Quel est ton positionnement ?

J’ai commencé à proposer une collection de bijoux en argent, mais je suis montée en gamme au fur et à mesure. Le panier moyen d’un bijou tourne autour de 2000 euros. Je ne veux absolument pas sous-traiter, ni à Paris et encore moins à l’étranger ! Et je préfère fabriquer moins de pièces mais qu’elles soient plus précieuses. Je sculpte sur cire ou directement l’or, je sertis, je poinçonne et je crée mes bains de dorure. La fonte est la seule expertise que je confie à un autre professionnel.

Be my Love, bague en or 18 carats et pierre précieuse évoquant le Pont des Arts et ses cadenas

Be my Love, bague en or 18 carats et pierre précieuse évoquant le Pont des Arts et ses cadenas

Vertige, colliers or 18 carats et diamants

Vertige, colliers or 18 carats et diamants

Bague Kiss-me, or 18 carats et diamants

Bague Kiss-me, or 18 carats et diamants

Qui sont tes clients ?

J’ai environ la moitié de clients professionnels et la moitié de clients privés. Ma marque existe depuis 2015 et j’ai constitué mon réseau par bouches à oreilles et réseaux sociaux. J’enseigne aussi à la Haute Ecole de Joaillerie, ce qui contribue à rester au contact des autres professionnels du secteur.

As-tu un conseil à donner pour les personnes qui veulent se diriger vers la joaillerie ?

J’ai beaucoup appris par l’écoute, l’observation et le partage. Je me suis perfectionnée en transmettant. M’entourer des bonnes personnes, avoir confiance en celles et ceux qui m’ont formée, croire en moi m’ont permis de construire ma route. C’est ce que je peux conseiller aux suivants qui la prendront !

Bague Heraclès, or 18 carats et citrine, pièce unique

Bague Heraclès, or 18 carats et citrine, pièce unique

Bague Cléopâtre petit modèle, or 18 carats et diamant pyramide

Bague Cléopâtre petit modèle, or 18 carats et diamant pyramide

Merci Flavie d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Témoignage recueilli par Aude Augais.

Pour retrouver Flavie :

site : flavparis.com

instagram : @flav_joaillerie

Comment Nadia Azoug a créé et développé la marque de bijoux parisienne Monsieur.

Nadia Azoug est une entrepreneure avant tout. Elle est également enjouée et transparente. Ce qu’elle aime, elle veut en faire profiter les autres. C’est ce qu’elle a montré avec la marque de bijoux Monsieur qu’elle a créé en janvier 2010 pour rendre accessible le savoir-faire d’artisans bijoutiers parisiens. C’est aussi ce qui transparaît de notre conversation sur la création et le développement de sa marque.

Boutique Monsieur 53, rue Charlot, Paris 3ème

Boutique Monsieur 53, rue Charlot, Paris 3ème

Nadia Azoug

Nadia Azoug

Boutique Monsieur 53, rue Charlot, Paris 3ème

Boutique Monsieur 53, rue Charlot, Paris 3ème

Nadia, qu’est-ce qui t’a décidée à lancer cette marque de bijoux ?

Mes origines kabyles m’ont rendue sans doute très curieuse et observatrice car arrivée à 7 ans en France, j’ai dû apprendre les codes et me débrouiller dans une culture qui n’était pas la mienne. Venant d’un milieu simple, j’ai eu aussi une grande liberté dans les choix que j’ai faits. J’ai commencé par des études de sociologie pour répondre à mon envie d’apprendre et comprendre le monde qui m’entourait. La suite de mon parcours a été déterminé par des rencontres et des opportunités, sans véritable lien avec ma formation.

Le projet Monsieur est né en 2009 au comptoir du bar que je gérais. J’avais sympathisé avec un client fidèle (Frankie) qui était joaillier. Il me parlait de son métier et j’en suis tombée amoureuse (du métier NDLR). Je ne portais pas spécialement de bijoux, mais ils faisaient partie de ma culture et c’est de ces échanges qu’est venue mon envie de créer une marque de bijoux.

Comment as-tu projeté ton entreprise au début ?

Il y a 10 ans, Internet m’aurait permis de lancer une marque sans bail, j’aurais pu avoir affaire à des artisans à l’étranger à moindre coût, il y avait pas mal de marques qui se lançaient de cette façon. Mais ce que je voulais c’était être au contact du savoir-faire, partager mon quotidien avec d’autres, avoir un lieu pour accueillir. C’était ce que j’avais aimé de mon expérience de gérante de bar et c’est ce que je voulais pour Monsieur : avoir l’établi et l’artisan au centre d’une boutique bien placée. Je ne voulais pas bricoler et je ne voulais pas être à la cheville, il a fallu traduire ces envies dans un projet d’entreprise !

Soudure de boucles d’oreilles

Soudure de boucles d’oreilles

Sélection de la pierre puis sertissage pour la bague Mademoiselle.

Sélection de la pierre puis sertissage pour la bague Mademoiselle.

Quel risque as-tu pris ?

Je n’ai pas peur de prendre des risques, mais j’essaie toujours de faire des choix raisonnables pour mon entreprise. Frankie, mon ami joaillier évidemment m’a aidée au départ car je ne connaissais pas ce métier. Je suis partie avec 20 000 euros, j’ai trouvé un local de 20m2 53, rue Charlot dans le Marais avec un loyer de 1500 euros et j’ai embauché une bijoutière à temps partiel. Anne est restée la seule salariée pendant les trois premières années. Quant à moi, j’ai attendu la troisième année d’exercice avant de me verser un salaire raisonnable. Je ne voulais pas d’investisseur pour être libre donc j’ai auto-financé le développement de Monsieur, étape par étape. Aujourd’hui, nous sommes 5, j’ai un responsable commercial, une cheffe d’atelier, une bijoutière et une apprentie. Nous avons ouvert en 2018 un autre lieu 1, rue Perrée tout près de la première boutique pour accueillir tout ce petit monde !

Quels ont été les choix qui se sont avérés pertinents par la suite ?

J’ai été guidée par mes envies et mes intuitions. Ce que je voulais c’était avoir une boutique dans le Marais. Je suis parisienne et je savais que ce quartier serait porteur pour vendre des bijoux. Cela a été mon premier investissement de communication et ce choix s’est avéré pertinent car la presse est arrivée par la boutique. Puis après un an et demi d’activité, j’ai pris une attachée de presse, ce qui m’a permis d’avoir régulièrement des parutions. Mon agence Univers Presse est très bien.

as-tu rencontré un public rapidement ?

J’aime les bijoux même si j’en porte peu et je suis observatrice. J’aime regarder les bijoux des parisiennes dans le métro, j’aime proposer des bijoux qui me plaisent. Encore une fois, le fait d’avoir une boutique permet de rencontrer ses clients, on se parle, on échange des inspirations et comme nous fabriquons chez nous, c’est facile de proposer et de s’adapter ! La boutique est notre labo ;-)

Peu de temps après l’ouverture de la boutique en 2011, grâce à une journaliste du ELLE que je connaissais j’ai proposé des bijoux pour une parution sur Marion Cotillard. C’était sans garantie car je pouvais être en concurrence avec des marques de Haute Joaillerie. Finalement sur 8 pages, Marion Cotillard a porté nos bijoux ! Nous avions rencontré notre premier succès, et notre premier public.

Qui sont les clients de Monsieur ?

Nous avons beaucoup d’habitués. Au début, les clients venaient avec des parutions de presse, maintenant ils viennent avec des publications Instagram ! Notre panier moyen est de 300 euros, vermeil et or confondus, mais nous proposons des gammes de prix assez larges, du bijou à 30 euros vendu en boutique, jusqu’au bijou sur-mesure à 6000 euros. Nous proposons également de personnaliser les bijoux. Notre objectif est d’avoir une clientèle variée et fidèle !

aurais-tu fait d’autres choix si tu lançais monsieur aujourd’hui ?

Aujourd'hui  les réseaux sociaux sont un vrai tremplin et représentent une très jolie vitrine. Une agence de presse est moins « indispensable » pour démarrer et se faire connaitre même si cela reste un atout. En revanche à titre personnel, je n’aurais rien changé si tout devait recommencer aujourd’hui !

Bague Lucette : bague en vermeil, composée d'une tourmaline et de deux diamants.

Bague Lucette : bague en vermeil, composée d'une tourmaline et de deux diamants.

Bague Mademoiselle en or 18 carats. Morganite en pierre centrale en forme de poire et de diamants.

Bague Mademoiselle en or 18 carats. Morganite en pierre centrale en forme de poire et de diamants.

Merci Nadia d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Crédits photos Julie Carretier Cohen.

Témoignage recueilli par Aude Augais.

Pour retrouver Nadia :

site : monsieur-paris.com

instagram : @monsieur.paris

Ulrike Weiss exploite les usages de la céramique

Ulrike avec son charmant accent venu d’Allemagne sa patrie, vous parle de son métier de céramiste avec réalisme et enthousiasme. Elle a choisi ce métier dans les années 80 à un moment où l’artisanat avait un peu moins le vent en poupe. Cela lui donne une belle crédibilité dans un monde où la céramique attire de plus en plus de personnes en quête de sens à donner à leur travail.

Pièces en céramique Ulrike Weiss
Ulrike Weiss, en train de couler la barbotine
Console en lave émaillée

Quelle a été ta formation ?

J’ai été formée à l’ESAAD (Ecole Supérieure des Arts Appliqués Duperré) à Paris entre 1984 et 1988. J’avais choisi de suivre la formation à mi-temps pendant 4 ans. J’ai appris mon métier de céramiste grâce aux heures d’ateliers qui avaient une large place dans les formations et dont j’usais à tel point qu’un élève m’avait prise pour un professeur ! Je pense que ce sont les heures de pratique qui permettent de devenir un artisan expérimenté ! Celles-ci continuent tout au long de la vie d’un artisan et ne s’arrêtent pas à l’école.

Le contenu de cette formation était surtout axé sur le tournage mais c’est la découverte des moules en plâtre qui m’a fascinée et qui a orienté le métier de mouleuse que je pratique aujourd’hui.

Comment as-tu dépassé tes peurs quand tu t’es lancée ?

J’avais très envie de faire ce métier malgré le manque de considération pour les métiers manuels à cette époque. Cette envie, l’insouciance et le soutien familial m’ont donné confiance !

Vases et carafe Ulrike Weiss  céramiste
Verres en porcelaine coulée par Ulrike Weiss

As-tu une spécialité ?

J’ai deux spécialités. L’une est la création et la fabrication de pièces utilitaires créées à partir de modèles, puis de moules en plâtre. Les pièces sont ensuite coulées en porcelaine, puis émaillées en couleur.

Je travaille également la lave que j’émaille pour en faire des projets d’agencement pour le sol et les murs. La lave émaillée est une roche volcanique. Les plaques que je travaille proviennent des volcans d’Auvergne. Ce matériau étant très résistant, il se prête bien à des projets d’agencement, même à l'extérieur.

Pièces utilitaires coulées

Pièces utilitaires coulées

Lave émaillée

Lave émaillée

Qui sont tes clients ?

Mes deux spécialités me permettent de toucher plusieurs catégories de clients. Mes pièces utilitaires sont achetées par des clients que je rencontre sur les salons. Ce sont des habitués, j’ai beaucoup de clients fidèles que je connais depuis des années. Ma réputation s’est construite au fil du temps et les salons comme le Festival de la Céramique ou les Journées de la Céramique place Saint Sulpice y ont contribué. Et comme j’ai un petit espace d’exposition dans mon atelier, j’organise des expositions-vente soit seule, soit en invitant d’autres artisan.e.s. Mes projets de lave émaillée me permettent de toucher une clientèle professionnelle comme des architectes. C’est important d’avoir plusieurs cordes à son arc. Je donne également des cours.

Combien de pièces peux-tu couler par semaine avec un seul moule ?

Un moule résiste à environ 60 tirages. Pour faire une production, il est important d'avoir plusieurs moules par modèle. Pour mes pièces les plus courantes, je travaille avec 6 à 8 moules. Je te donne un exemple récent : pour l’exposition du Festival de la Céramique, j’ai coulé 250 pièces en 3 semaines. Comme mon temps n’était pas seulement dédié à cette production, j’étais contente de ce résultat ! J’aurais difficilement pu aller au-delà car j’étais limitée par la place de stockage.

As-tu un conseil à donner pour les personnes qui veulent se diriger vers la céramique ?

Je leur conseille de prendre le temps qu’il faut pour apprendre. Il faut aussi être solide physiquement et psychologiquement ! C’est important de le mesurer avant de se lancer.

Atelier+de+c%C3%A9ramique+Ulrike+Weiss

Merci Ulrike d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Témoignage recueilli par Aude Augais.

Pour retrouver Ulrike :

site : ulrike-weiss.com

instagram : @uw.porcelaine et @uw.lava

Sabine Halm fait revivre un savoir-faire hérité de son arrière-arrière grand-mère

Témoignage recueilli en 2020.

Je suis dentellière en ennoblissement textile et accessoires de mode. Mon atelier Dentelle Métiers d’Art créé en 2016 est situé dans le Limousin à Saint-Sulpice-les-feuilles. Je crée de la dentelle avec une technique héritée de mon arrière-arrière grand-mère. Je ne l’ai pas connue mais j’ai retrouvé les techniques dans des ouvrages datant du XIXème siècle.

Sabine faire revivre avec technique et émotion ce savoir-faire de la dentelle à noeuds, situé entre la dentelle aux fuseaux et la dentelle à l’aiguille. Issue d’une famille de tisserands et de fileurs, Sabine a renoué avec ses racines après une première vie professionnelle. Elle s’est formée toute seule, de 2005 à 2016, portée par une envie farouche de faire revivre ce savoir-faire familial. En 2016, elle s’est entourée des personnes qui pouvaient l’aider et a créé sa micro-entreprise.

Sabine Halm, fondatrice de l’Atelier d’ennoblissement textile Madrigal.b

Sabine Halm, fondatrice de l’Atelier d’ennoblissement textile Madrigal.b

Pièce de dentelle signature de l’Atelier Madrigal.b, sélectionnée pour le concours des Ateliers d’Art de France.

Pièce de dentelle signature de l’Atelier Madrigal.b, sélectionnée pour le concours des Ateliers d’Art de France.

quel a été le déclencheur ?

Le déclencheur a été l’envie de m’exprimer par moi même, il fallait que je libère mon esprit de ces pensées créatives développées alors que j’apprenais toute seule ce savoir-faire depuis 10 ans ! J’ai également une forte incompréhension de ce monde d’ hyper-consommation, où notre manière de produire et de consommer n’a aucun sens. J’ai attendu d’avoir un peu d’argent de côté pour financer la construction de l’atelier, le matériel et une période sans salaire. Le moment venu, j’ai démissionné.

Comment avez-vous dépassé vos peurs quand vous vous êtes lancée ?

Je n’ai pas réellement eu de moments de peur ou de doutes, j’ai juste eu une persévérance obsédante ! Il faut être déterminé, plus que jamais, quand on décide de créer son entreprise, et cela pas seulement la première année.

Fabrication d’outils pour créer la dentelle Madrigal.b.

Fabrication d’outils pour créer la dentelle Madrigal.b.

Les outils pour façonner la dentelle Madrigal.b.

Les outils pour façonner la dentelle Madrigal.b.

Comment est organisée votre entreprise ?

Je travaille sur tout ce qui touche à la création, à la fabrication, au développement commercial et administratif. Mon mari gère le reste, de la fabrication des outils à la logistique. Je consacre 4h par jour à la production.

Quelles ont été les premières étapes de développement de Madrigal.b ?

La première étape a été de m’inscrire en 2016 à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat pour pouvoir être représentée comme professionnelle sur les salons. Les non-professionnels sont limités à trois salons par an. Ca a été ma première confrontation avec le monde professionnel. Le conseiller m’a dit : “si vous persistez à proposer des prix si peu cohérents avec votre travail, vous ne pourrez jamais vivre de votre travail et vous dévalorisez votre savoir-faire !”

Ensuite, j’ai postulé au Pôle des Métiers d’art du Limousin, j’ai été accepté en 2016. Puis j’ai été admise aux Ateliers d’Art de France en 2017. C’est important pour nous car cela a validé le savoir-faire que nous avions développé. Cela nous crédibilise auprès de nos clients également. Enfin, cela permet d’appartenir à un réseau et avoir accès à des formations.

Enfin, nous participons régulièrement à des concours. Une petite dotation est offerte et cela valorise notre travail. La reconnaissance est importante dans un tout petit marché comme le nôtre. Nous avons gagné le prix coup de coeur Talent de la BGE . J’ai été Lauréate du concours du Trophée des entreprises Haute-Vienne et trois fois finaliste régionale au concours Ateliers d’Art de France en 2017, 2018 et 2020.

Mon mari a rejoint l’atelier en 2018 voyant que l’entreprise se développait. Son soutien me soulage énormément !

Dessin technique Mardigal.b.

Dessin technique Mardigal.b.

Dentelles Madrigal.b.

Dentelles Madrigal.b.

Qui sont vos clients ?

Nous partageons notre chiffre d’affaires de façon à peu près équivalente entre clientèle particulière, clientèle professionnelle et notre école.

Nous avons la chance d’avoir une boutique à Angles-sur-l’Anglin dans la Vienne, le seul “plus beau village de France” du département, ce qui attire du monde. Nous allons également sur les salons. Quant aux clients professionnels, ils nous découvrent grâce à notre savoir-faire rare. Pour le moment, nous travaillons pour des ateliers de couture qui s’adressent à une clientèle haut-de-gamme, mais nous pourrions aussi travailler pour l’ameublement d’intérieur.

Enfin, nous avons développé une école. Nous formons d’autres professionnels qui veulent compléter leur savoir-faire ou des personnes qui viennent pour leur loisir. Nous avons tous les agréments pour que les professionnels puissent faire financer leur formation.

comment calculez-vous le prix de vos pieces ?

J’ai été accompagnée grâce aux Ateliers d’Art de France par une personne qui m’a expliqué comment calculer mon prix de vente. C’est indispensable de commencer par ce calcul pour valoriser correctement le savoir-faire et aussi pour s’assurer de la survie de l’activité. Nous facturons 35 euros l’heure de travail (cela peut varier évidemment selon le coût de la matière première) et mes pièces vont de 1 heure à 800 heures de travail !

Sabine Halm vérifiant à la loupe la dentelle.

Sabine Halm vérifiant à la loupe la dentelle.

Détail de dentelle Madrigal.b.

Détail de dentelle Madrigal.b.

Que pensez-vous de l’avenir des métiers d’art ?

Je pense que ces métiers d’art offrent un nouveau mode de consommation. Nous produisons tous des petites pièces, à prix raisonnable. Mon premier prix par exemple est à 25 euros. Si nous avions tous plus d’acheteurs pour ces pièces, nous pourrions mieux vivre et eux défendraient un mode de consommation différent.

Nous traversons une grande crise avec le COVID. Les salons sont annulés, nous devons renoncer à cette partie de chiffre d’affaires qui est importante à cette période de l’année. J’espère que cela va permettre à chacun de prendre conscience des travers de l’hyper-consommation et donner un nouvel essor à nos métiers !

Décrivez-nous une rencontre inspirante ?

Mon tout premier client, après m’avoir écoutée et vu mon travail, m’a dit : « Oui, ça peut marcher ». Ce genre de «  Oui, ça peut marcher » plein de positivisme n’était pas celui que te dirait un ami ou membre de ta famille, voulant te faire plaisir... c’était le OUI qui donne des ailes !

Avez-vous-tu un conseil à donner pour les personnes qui veulent se diriger vers un métier d’art ?

Idéalement, il faut avoir un peu d’argent de côté car les trois premières années sont les plus dures financièrement : il n’est pas possible de se verser de salaire car ce qui est gagné est réinvesti dans les salons, les investissement matériels, la communication, la logistique...

Il faut également connaître et assumer son positionnement : est-on un professionnel des métiers d’art ou est-ce une activité secondaire ? Dans le premier cas, l’à-peu-près ne peut pas exister, il faut être le plus juste possible dans ses actions et son savoir-faire.

Il faut un moral d’acier, et rester vrai. Enfin, oser dire non. Il ne faut pas tout accepter sous prétexte qu’il faut vendre ! Mais il faut avoir confiance ! Il y a une phrase de Coco Chanel que j’aime beaucoup et qui dit : «  Ce n’est pas parce que nous naissons sans ailes, qu’il faut les empêcher de pousser ».

dentelle Madrigal b savoir faire du luxe français.jpg
Chaussures Chamberlan, dentelle Madrigal.b, Minaudière Maugein by Katherine Pradeau

Chaussures Chamberlan, dentelle Madrigal.b, Minaudière Maugein by Katherine Pradeau

Capture2.JPG

Merci Sabine d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Témoignage recueilli par Aude Augais. Crédits Photo Jean-François Auzanneau, Francis Morlaix, Madrigal.b.

Pour retrouver Sabine :

site : Dentelle Métiers d’Art : L'excellence de la dentelle mains (dentellemetierdart.fr)

Anais, Nicolas, reconvertis pour créer un lieu d’apprentissage de la céramique.

Nicolas Klein et Anais Prudhomme ont installé A Tour de Bras, un atelier de plus de 200m2 dédié à l’apprentissage de la céramique rue Abel, juste à côté de ce lieu que tout le monde appelle L’ARCHE ou le Viaduc des Arts au coeur du quartier des artisans d’art.

Anais Prudhomme et Nicolas Klein dans leur atelier de céramique A Tour de Bras
Cours de tour en céramique donné dans l'atelier A Tour de Bras

Comment vous -êtes vous rencontrés et qu’est-ce qui vous a décidé à vous associer ?

Nous nous sommes rencontrés à l’école Ateliers Chemin de Céramique à Montreuil. Tous les deux issus de reconversion professionnelle, nous nous sommes retrouvés sur notre volonté commune de créer un espace avec du matériel en libre accès et donner des cours de tournage. Nous sommes assez lucides l’un et l’autre sur le marché de la céramique et sur la difficulté à vivre comme créateur. C’est long de produire, de développer son style, ses collections et quand techniquement on est au point, il faut avoir la clientèle qui achète ! Nous avons plus voulu créer un lieu.

Concernant notre association, cela nous a semblé important à tous les deux de pouvoir nous appuyer sur quelqu’un d’autre. Pour une question de mutualisation des charges financières et mentales ! Cela nous permet également de travailler sur des amplitudes horaires plus larges.

Quel a été votre cheminement de reconversion professionnelle ?

@Anais : il faut savoir que ce chemin est long, il me semble assez rare de voir des reconversions qui prennent moins de 2 ou 3 ans ! Me concernant, j’ai toujours été attirée par les métiers manuels autour de la terre c’est donc naturellement vers la céramique que je me suis tournée quand j’ai voulu changer de voie professionnelle. J’ai été accompagnée par l’AFPA, l’Association de Formation pour Adultes. L’accompagnement est gratuit et les rendez-vous avec les conseillers m’ont aidée à prendre cette nouvelle voie.

@Nicolas : ça faisait plusieurs années que je tournais en amateur et j’ai observé ses 10 dernières années une forte évolution de la demande. C’était devenu de plus en plus difficile de trouver des cours de tournage ou des moyens de tourner dans un atelier. Je suis quand même passé par un bilan de compétences qui a confirmé mon envie de créer une école et un lieu de partage autour de la céramique. J’ai bénéficié du CIF pour financer la formation (Congé Individuel de Formation, remplacé depuis 2019 par le CPF de transition professionnelle) .

Que vous a apporté votre formation ?

Nous avons tous les deux passé en un an notre CAP de tournage céramique à L’Atelier Chemin de la Céramique. 1080 heures sont données dont 80% dédiées à l’apprentissage du tournage. Le reste du temps étant principalement des heures théoriques sur l’histoire de l’Art, une initiation au moulage, au modelage, à l’émaillage. Nous avons également eu quelques cours de comptabilité orientés sur le calcul du prix de revient et une comptable dans l’école également très disponible pour répondre à nos questions. Enfin nous avons pris une option d’animation de cours puisque c’est ce que nous voulions faire.

Cette formation nous a donné les outils indispensables pour créer ce lieu.

Qui sont vos clients et comment développez-vous votre clientèle ?

Nous avons ouvert en septembre 2019. Evidemment nous avons souffert de la période, entre grèves et confinement ! Cependant, nos espaces en libre service se remplissent bien et nous avons également une clientèle de quartier pour les cours, qui vient parce qu’ils nous découvrent sur internet ou par l’effet du bouche à oreilles.

A Tour de Bras - atelier de céramique

Merci Anais et Nicolas d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Témoignage recueilli par Aude Augais.

Pour retrouver A Tour de Bras:

site : atourdebras-atelier.com

instagram : @atour2bras

Slim Guenaoui fait naître le vitrail du Sable à la Lumière.

Slim est installé à la Saucelle (Eure-et-Loir) à 1h30 de Paris. Il venait tout juste de construire son atelier quand une tornade d’une violence terrible balaie en deux minutes une centaine de chênes et endommage la maison. Tel un symbole, l’atelier sera épargné.

En 2015, après une première vie professionnelle, Slim décide de devenir vitrailliste. L’appel est viscéral et sa reconversion spontanée.

Slim Guenaoui - vitrailliste

Slim Guenaoui - vitrailliste

Corne d'abondance (240cm/120cm) / Biocoop Paris 9ème Trinité - technique : verre, plomb & cuivre

Corne d'abondance (240cm/120cm) / Biocoop Paris 9ème Trinité - technique : verre, plomb & cuivre

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre reconversion professionnelle ?

J’ai vraiment aimé ma vie professionnelle chez Radio France et France Musique, mais je ressentais de plus en plus le désir de renouer le contact avec le vivant et le savoir-faire artisanal. J’ai fait un bilan de compétences qui m’a éclairé sur des pistes possibles. Dans ce cadre, j’ai participé à un stage d’une semaine au CIV (Centre International du Vitrail) à Chartres qui a débouché sur une formation de 12 mois en CIF (congé individuel de formation). J’ai trouvé dans le vitrail tout ce que je cherchais. Par sa dimension symbolique et l'usage de matières singulières, le verre, le plomb et la lumière, le vitrail est un artisanat empli d'histoire et de mystère, qui m’a tout de suite fasciné.

Mon choix n’a pas été très raisonné ! Mon parcours de vie semblait s’incarner dans le vitrail ! Le virage a donc été assez naturel.

Que vous a apporté votre formation ?

Cette formation de 12 mois suivie au CIV (deux semaines à l’école sur trois) m’a appris le savoir-faire. L'enseignement transmis était complet et d'une grande qualité pédagogique. La formation s’est articulée autour de trois modules : les bases du vitrail (découpe du verre, sertissage…), la peinture sur verre et la restauration.

Nous avons reçu également un enseignement sur l’histoire de l’art autour de la peinture, du vitrail et de l’architecture, indispensable pour comprendre l’environnement dans lequel on évolue. Enfin, la formation aborde les aspects pratiques du métier (coûts de revient, élaboration de devis, sécurité et prévention…)

J’ai quitté la formation avec un diplôme de vitrailliste et un diplôme de restaurateur de vitraux « biens communs » permettant de répondre à des appels d’offres pour des chantiers de biens non classés.

Saint-Potter dans cadre rétro-éclairé (80cm/60cm) / Pulp's Toys rue Dante - technique : verre, plomb & cuivre / grisaille & émaux

Saint-Potter dans cadre rétro-éclairé (80cm/60cm) / Pulp's Toys rue Dante - technique : verre, plomb & cuivre / grisaille & émaux

La Papesse (70cm/50cm) / collection personnelle - technique : verre, plomb & cuivre / grisaille & émaux

La Papesse (70cm/50cm) / collection personnelle - technique : verre, plomb & cuivre / grisaille & émaux

Avez-vous une spécialité ?

Les stages d’initiation deviennent l’essentiel de mon activité et l’expérience vécue pour les stagiaires comme pour moi-même est à chaque fois extrêmement réjouissante. L’environnement de l’atelier s’y prête particulièrement et le temps de la session, l’immersion dans l’univers du vitrail est totale.

Au delà des stages, j’ai un attrait particulier pour la peinture. J’ai à coeur de revisiter les mythes et les archétypes avec un regard plus contemporain. Le symbolisme (étymologiquement « ce qui rassemble ») est ma source d’inspiration principale. J’ai, par exemple, prêté à la figure très connu de l’archange Saint-Michel, les traits d’Harry Potter. J’ai également, pour ambitieux projet, de revisiter les 22 arcanes majeurs du tarot de Marseille en évoquant notre monde d’aujourd’hui (réchauffement climatique, société de consommation, inégalités sociales…).

Pour exemple, la Papesse (ci-dessus) incarnée par une afro-américaine devant le port de Gorée au Sénégal (lieu symbole de la mémoire de la traite négrière en Afrique) est une invitation pour chacun d’entre nous à s’affranchir de ses chaînes.

Saint-Luc selon le livre de Kells / collection personnelle - technique : verre, plomb / grisaille & émaux

Saint-Luc selon le livre de Kells / collection personnelle - technique : verre, plomb / grisaille & émaux

Montage du vitrail Sainte-Anne (180cm/90cm) / Eglise de la Saucelle (28250) - technique : verre, plomb / grisaille & émaux

Montage du vitrail Sainte-Anne (180cm/90cm) / Eglise de la Saucelle (28250) - technique : verre, plomb / grisaille & émaux

Est-ce dur de vivre de votre métier ?

C’est long ! Je propose depuis récemment des stages qui se remplissent bien. C’est un levier nécessaire qui me permet d’assurer un revenu régulier et je suis très heureux de partager mon savoir-faire et ma passion.

La création quand à elle prend du temps. Il n’est pas simple de créer son réseau, de faire connaître son travail et il y a plus de concurrence qu’on ne le croit. Le marché est probablement plus porteur dans la restauration. Il faut être toutefois conscient que pour ce dernier le travail peut être fastidieux. Il est indispensable d'être capable de répondre aux appels d’offre (les commissions attendent des réponses très précises, très techniques). Monter un dossier peut prendre une semaine et c’est sans garantie et non rémunéré. Il est également nécessaire de savoir s’adapter aux chantiers, d’être un peu touche-à-tout. Dans la restauration, nous ne sommes jamais trop de deux! Une garantie décennale vous sera également demandée et pour une jeune entreprise c’est un coût non négligeable.

Un conseil pour les personnes qui veulent se diriger vers votre métier ?

C'est un métier de passion. Il me semble important de proposer sa patte singulière pour se démarquer des autres propositions. Certains ateliers embauchent de jeunes vitraillistes. C'est aussi une bonne façon de se perfectionner !

Stage d'initiation / Octobre 2019

Stage d'initiation / Octobre 2019

Merci Slim d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Témoignage recueilli par Aude Augais.

Pour retrouver Slim et son atelier du Sable à la Lumière:

Site : dusablealalumiere.fr

Instagram : @dusablealalumiere

Facebook : @dusablealalumiere

La broderie d’art au service des métiers de la mode, selon Marie Moreau.

Marie est brodeuse d’art depuis 2018. Après une première vie professionnelle de 10 ans à travailler comme créatrice dans une agence de design, elle a voulu apporter à sa créativité une application manuelle. C’est le crochet de Lunéville qui lui a donné.

Marie Moreau sur son métier à broder

Marie Moreau sur son métier à broder

La Big Flower Studio Marie Moreau©

La Big Flower Studio Marie Moreau©

Décris-nous la transition vers ton métier de brodeuse ?

Le travail manuel a toujours fait partie de ma vie. Je brodais à l’aiguille, je passais beaucoup de temps à la couture, je rêvais devant les formations de l’école Lesage…. Quand mon mari m’a offert une initiation au crochet de Lunéville par le site superprof, je me suis rendue compte que j’avais envie d’approfondir.

A la suite d'un épisode professionnel malheureux, j'ai rebondi en négociant une rupture conventionnelle et je me suis dirigée naturellement vers la broderie. Avec les indemnités de départ, j’ai financé quatre niveaux de formation à l’Ecole Lesage et j’ai passé au lycée Octave Feuillet le CAP Broderie main avec la mairie de Paris.

Les deux ans de chômage m’ont permis d’être sereine pour me former et lancer mon entreprise.

Pourquoi avoir suivi deux formations à la broderie d’art ? Continues-tu à te former ?

La préparation au CAP apporte un bagage technique et la formation chez Lesage m’a permis d’explorer la variété infinie des déclinaisons des points de broderie. A Octave Feuillet (CAP), j’ai développé aussi mon premier réseau de futures brodeuses qui sont devenues des amies et les professeurs apportent beaucoup de conseils très utiles. Par exemple, Clothilde Menard m’a encouragée à développer mon portfolio de créations personnelles pour démarcher les ateliers de broderie, ce qui m’a permis de travailler tout de suite pour des professionnels.

Grâce au FAFCEA, le fonds qui finance la formation des entreprises artisanales (ils financent 2/3 des formations), je continue à me former car beaucoup de savoir-faire complètent celui de la broderie : les fleurs artificielles, la plumasserie, la broderie Cornely… Je pense que c’est important d’avoir plusieurs cordes à son arc pour répondre aux professionnels.

Défilé FENDI Couture Automne 2019 Vogue/ Photo Salvatore Dragone /Gorunway.com

Défilé FENDI Couture Automne 2019 Vogue/ Photo Salvatore Dragone /Gorunway.com

Défile CELINE Prêt à porter Printemps 2020 Vogue/ Photo Filippo Fior/ Gorunway.com

Défile CELINE Prêt à porter Printemps 2020 Vogue/ Photo Filippo Fior/ Gorunway.com

Défil CELINE Prêt à porter Printemps 2020 Vogue/ Photo Filippo Fior/ Gorunway.com

Défil CELINE Prêt à porter Printemps 2020 Vogue/ Photo Filippo Fior/ Gorunway.com

Comment projetais-tu ton métier de brodeuse ?

J’avais très envie de travailler pour des ateliers de broderie car j’ai toujours été fascinée par la Haute Couture, l’émotion qui se dégage des pièces exceptionnelles. En débutant dans le metier c'est compliqué de travailler directement pour les grandes marques de luxe alors qu’en étant auto-entrepreneure, on peut travailler pour les ateliers et accéder à ces pièces. C’est une formation formidable et c’est indispensable pour comprendre le fonctionnement du secteur.

En même temps, par mon expérience de créative, j’avais aussi envie de développer mes propres pièces. J’alterne donc entre mon travail personnel et les professionnels qui m’apportent une régularité de revenus.

Que peux-tu nous dire sur le travail d’une brodeuse dans les ateliers de broderie ?

Les ateliers de broderie m’apportent d’être au contact du savoir-faire et des brodeuses. Pour moi c’est porteur de ne pas être isolée et la variété des pièces sur lesquelles on travaille permet de progresser. En rencontrant les brodeuses, on découvre aussi les bonnes et moins bonnes pratiques dans le secteur, ce qui permet de gagner du temps.

J’ai eu la chance d’avoir été contactée par Cecile Henri dès la fin de ma formation quand j’ai envoyé mon portfolio et depuis je travaille régulièrement pour eux. Les horaires de 8h30 à 17h30 permettent d’avoir une vie privée à côté, même en période de défilé. Ce n’est pas le cas de tous les ateliers mais c’est appréciable !

Comment es-tu payée quand tu travailles pour des ateliers de broderie ?

Je dirais que la moitié des ateliers demandent aux brodeuses indépendantes de donner leur tarif horaire. C’est le cas de Cécile Henri. Certains ateliers ont la réputation d’être moins généreux que d’autres, notamment certains ateliers de la nouvelle vague souvent ne payent pas au-delà de 12 euros de l’heure !

En général, les tarifs oscillent entre 16,5 euros nets de l’heure et 40 euros pour les brodeuses les plus expérimentées.

Broche Dahlia bleu - Studio Marie Moreau©

Broche Dahlia bleu - Studio Marie Moreau©

Détail tableau brodé - Studio Marie Moreau©

Détail tableau brodé - Studio Marie Moreau©

Détail tableau brodé - Studio Marie Moreau©

Détail tableau brodé - Studio Marie Moreau©

Est-ce dur de vivre de ton métier ?

Il faut être lucide mais c’est possible. De mon point de vue, je peux me permettre de travailler sur mes propres créations et avoir une clientèle particulière parce que je travaille aussi pour les professionnels qui m’assurent des revenus réguliers. Je commence aussi à donner des cours, ce qui complète !

Un conseil pour les personnes qui veulent se diriger vers ton métier ?

De la patience, de la rigueur et surtout de la passion.

Merci Marie d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Témoignage recueilli par Aude Augais.

Pour retrouver Marie :

Instagram : @studiomariemoreau

Marie fait partie des membres Artisans d’Avenir et elle propose des formations au crochet de Lunéville.

Pour vous initier au crochet de Lunéville, contactez-la en cliquant ci-dessous !

Karen Swami, une entrepreneure devenue artiste qui s’exprime grâce à la céramique.

Karen Swami est issue d’un parcours professionnel plutôt éloigné de l’artisanat. Après des études de commerce internationales à l’ESCP, elle crée sa société de production dans le cinéma où elle avance comme entrepreneure. C’est un peu avant 40 ans qu’elle se sent arrivée à l’issue de cette première vie professionnelle. Jamais elle n’a envisagé de devenir céramiste, bien qu’elle en pratique le savoir-faire depuis toute petite. Jamais elle n’aurait cru pouvoir en vivre. Plusieurs signes lui ont donné le courage de se lancer.

Karen Swami

Karen Swami

Faience noire émaillée réhaussée à la laque végétale et à l’or pur - Karen Swami

Faience noire émaillée réhaussée à la laque végétale et à l’or pur - Karen Swami

Qu’est-ce qui vous a convaincue de vous lancer comme céramiste ?

Mon métier de producteur était difficile. Encouragée par un psychologue , j’ai voulu revenir plus intensément au travail de la céramique plus comme moyen d’expression et loisir récréatif que pour envisager un nouveau métier. J’ai commencé par participer à un stage de tournage de 4 jours à Montreuil aux Ateliers Chemin de la Céramique avec Thierry Fouquet. Celui-ci m’a proposé de passer un CAP en candidat libre. J’ai acheté un four et un tour que j’ai installés dans mon bureau de production et je me suis mise à tourner le matin, le soir, à l’heure du déjeuner et de plus en plus…

Mes pièces étaient très visibles dans mon bureau et un jour une connaissance inspirée par mon travail m’a proposé de les montrer à Christian Liaigre. Il a voulu toutes les acheter ! Premier signe. On était en 2012. Et puis ce genre d’événements s’est présenté à plusieurs reprises.

J’ai été guidée par ces encouragements et par mon sens entrepreneurial. La gestion d’entreprise ne me faisait pas peur et je connaissais ce milieu professionnel par mon ex-mari antiquaire.

Comment décrivez-vous votre travail ?

Je suis venue à la céramique par la création. Je me suis exprimée en tournant des pièces volumineuses, des vasques. J’aime explorer la matière et je la façonne au gré des expériences. Par exemple, quand j’étais à la recherche du noir de carbone, j’ai expérimenté la technique de l’enfumage en céramique qui consiste à créer une atmosphère pauvre en oxygène pour intensifier le noir mais qui fragilise les pièces. Celles-ci se fissurent souvent à la cuisson. C’est en voulant les réparer que j’ai découvert la technique japonaise du kintsugi qui utilise la laque végétale (urushi) soupoudrée d’or pur pour combler les fissures.

Je suis intransigeante sur l’équilibre de la forme qui se dessine sur le tour. Mes formes sont inspirées par l’atmosphère zen qui rappelle l’art spirituel et esthétique japonais du Wabi Sabi, l’art d’accepter et d’apprécier l’imperfection.

Terre enfumée - Karen Swami

Terre enfumée - Karen Swami

Terre enfumée réhaussée à la laque végétale et à l’or pur - Karen Swami

Terre enfumée réhaussée à la laque végétale et à l’or pur - Karen Swami

Comment trouve-t-on son public quand on est artiste ?

Pour moi, le tremplin a été de participer aux salons. Assez rapidement, j’ai investi 30 000 euros pour participer au salon Révélations. Je voulais investir cette somme car je savais que ce passage pourrait être déterminant pour que cette passion devienne un métier qui me permette de vivre. J’avais toujours en tête la possibilité de revenir à mon métier précédent en cas d’échec. En revanche, je n’ai jamais participé aux salons de céramistes qui bien que de très bonne qualité ne permettent pas toujours aux visiteurs de comprendre les différences de prix.

Petit à petit, d’entrepreneure je suis devenue artiste, quand je n’avais pas de difficulté à vendre mon travail au début, j’en ai plus aujourd’hui ! Mes pièces ayant une valeur que j’ai parfois du mal à expliquer, je préfère confier le travail à des professionnels qui connaissent bien le marché ! Aujourd’hui à Paris, je suis représentée dans deux galeries, NAG et la Galerie Minsky . Cependant, comme me l’avait expliqué Pierre-Marie Giraud un galeriste très connu en Belgique je crois que les galeries ne me recherchent pas trop car d’un côté j’ai accompli moi-même un gros travail de commercialisation qu’ils auront du mal à m’apporter et d’autre part, mes pièces ne sont pas assez chères pour qu’ils gagnent correctement leur vie.

Aujourd’hui, je vais au PAD à Paris qui réunit des collectionneurs et amateurs internationaux (NDLR : avant le COVID) et à Art Basel à Miami et à Bâle. Ce sont ces foires qui rassemblent la plupart de mes clients privés et professionnels.

Un conseil que vous pourriez donner aux personnes qui veulent se reconvertir vers votre métier ?

Quand on est à la bonne place, les opportunités se présentent. Ce métier est exigeant et contraignant, mais si on n’a pas peur de travailler 90 heures par semaine, on peut arriver à gagner sa vie !

Galuchat 3 - Grès roux émaillé - Karen Swami

Galuchat 3 - Grès roux émaillé - Karen Swami

Uru - Grès tourné, partiellement émaillé et travaillé à la laque végétale japonaise. - Karen Swami

Uru - Grès tourné, partiellement émaillé et travaillé à la laque végétale japonaise. - Karen Swami

Merci Karen d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Témoignage recueilli par Aude Augais.

Pour retrouver Karen :

Instagram : @karenswami

web : swami.fr

Celia Ruellan, jeune mosaïste volontaire pour tirer son épingle du jeu et vivre de son savoir-faire rare.

Celia est la première à nous rejoindre à l’apéro. C’est également la première à s’appuyer sur des réseaux d’entrepreneurs. Elle cherche autour d’elle comment une solution peut émerger. Quand elle ne la trouve pas, elle cherche dans les livres. Elle ne se laisse pas envahir par la première difficulté parce qu’elle aime son métier. Elle est courageuse et déterminée. Elle sait qu’en étant entrepreneure, elle peut aller plus loin, et en étant ouverte au partage, elle fait rayonner son métier.

Création réalisée par Celia Ruellan pour des particuliers à Toulouse

Création réalisée par Celia Ruellan pour des particuliers à Toulouse

Quand as-tu décidé d'être mosaïste ? Pourquoi as-tu choisi cette spécialité ?

J’ai décidé de devenir mosaïste après une année d’hypokhâgne. J’avais besoin d’un métier manuel pour lui donner du sens. J’ai été sans doute influencée par de mes racines familiales car une partie de ma famille est originaire du Frioul, région de la mosaïque en Italie.

Comment se forme-t-on à la mosaïque ?

J’ai été formé en alternance dans l’atelier de Mathilde Jonquière et au CFA du bâtiment de Saint Denis que j’ai suivi en carrelage. Cette double formation était intéressante car en mosaïque, il y a une facette d’artisanat d’art où tout est créé en atelier et une facette liée au bâtiment car la mosaïque doit être posée au mur. La dichotomie entre les cours à Saint-Denis et l’apprentissage dans l'atelier de Mathilde où je travaillais sur des projets prestigieux (Hermès, la grande épicerie du Bon Marché etc…. ) m’a permis de garder les pieds sur terre !

Après ma formation, j’ai été travailler à Londres pendant quatre mois, comme professeure à la London School of mosaïque. C’était une belle expérience pour découvrir comment mon métier s’exerçait à l’étranger. A mon retour en 2018, j’ai décidé d’ouvrir mon propre atelier.

Travail d’atelier Celia Ruela

Travail d’atelier Celia Ruellan

Travail d’atelier Celia Ruellan

Travail d’atelier Celia Ruellan

Que fait-on quant on débute comme apprentie dans un atelier ?

Le premier jour de mon arrivée en atelier, j’ai coupé les ronds : j’ai taillé des tesselles carrées en ronds. Toute la journée. Le deuxième jour, j’ai coupé des ronds, le troisième jour, j’ai coupé des ronds. J’ai coupé des ronds toute la semaine, jusqu’à savoir parfaitement faire des ronds !

Qui sont tes clients et comment te fais-tu connaître ?

Quand j’ai commencé, j’avais essentiellement des clients particuliers, qui souhaitaient des crédences pour leur cuisine. Aujourd’hui, mes clients particuliers sont des personnes qui font restaurer leur maison et qui aiment la mosaïque. Ils font appel à moi pour mon savoir-faire et mon identité. J’ai également quelques clients professionnels qui veulent du “naming” c’est à dire l’inscription de leur logo en mosaïque.

Mes premiers clients sont venus par Instagram, il faut soigner ce réseau et être agile avec son téléphone pour ne pas perdre de temps ! J’ai aussi créé mon site Internet grâce auquel je peux vendre depuis ma boutique en ligne. Bouche-à-oreilles, marchés des créateurs, Journées Européennes des Métiers d’Art viennent évidemment compléter. En revanche, j’ai plus de difficultés à démarcher les clients spontanément !

Bar de la scène réalisé par Celia Ruellan pour le magazine Voici

Bar de la scène réalisé par Celia Ruellan pour le magazine Voici

Création Celia Ruellan réalisée pour la boutique de céramique “Les Mains Sales” rue Popincourt à Paris

Création Celia Ruellan réalisée pour la boutique de céramique “Les Mains Sales” rue Popincourt à Paris

Quelle est ta gamme de prix ?

Mes prix sont au mètre carré vont de 1200 € pour les motifs les plus simples à 1500 € au mètre carré. Selon le travail, un mètre carré peut me prendre de 4 jours à 8 jours de réalisation.

Est-ce dur de vivre de ce métier ?

Il faut être patient. Au début je pense qu’avoir une deuxième activité est presque indispensable, comme donner des cours. Le plus long est de se constituer un carnet d’adresses. Si les premiers clients sont contents, l’effet du bouche à oreilles est vertueux.

Les investissements sont-ils lourds ?

L’investissement initial en mosaïque est assez faible car seule une pince est nécessaire ! En revanche, la matière première coûte très cher et il faut beaucoup de stocks avec des matériaux variés. Les tesselles peuvent être en verre (achetées en France sous son format artisanal, en Italie chez Sicis, Trend, Bisazza…) ou en grès.

Quelles difficultés rencontres-tu dans ton métier et comment fais-tu pour les surmonter ?

Je rencontre beaucoup de difficultés techniques. Comme ce savoir-faire est assez confidentiel, je ne peux pas toujours demander de l’aide aux autres mosaïstes ! Je m’aide de la littérature où je retrouve d’anciennes techniques traditionnelles ! Concernant les difficultés liées à la gestion de mon entreprise, je m’entoure de copains entrepreneurs !

Merci Celia d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Témoignage recueilli par Aude Augais.

Pour retrouver Celia Ruellan :

Instagram : @celia.mosaic

web : celiaruellan.com

Comment Atelier de la Boiserie fonctionne au service de la décoration haut de gamme et de la restauration du patrimoine.

Guillaume Chevalier est chargé de développement à Atelier de la Boiserie. Il est arrivé en 2016 alors qu’il était en alternance avec l’Ecole Boulle où il suivait une license de chargé d’affaires en agencement. Auparavant il avait fait toutes ses classes dans les métiers du bois, certificat d’études secondaires supérieures avec qualifications dans la restauration de mobiliers anciens, BTS agencement de l’Environnement Architectural et après différentes expériences professionnelles depuis 2013 il a encore voulu compléter sa formation.

Site d'Avignon - Atelier de la Boiserie

Site d'Avignon - Atelier de la Boiserie

Rabot - crédit Atelier de la Boiserie

Rabot - crédit Atelier de la Boiserie

Dans ces métiers, il faut maîtriser la technique et connaître le secteur pour faire un bon dirigeant. Atelier de la Boiserie est né du regroupement en 1963 de plusieurs ateliers parisiens et provençaux. Aujourd’hui c’est une entreprise avec 60 salariés, 3 sites de production, (Paris, Avignon, Lausanne), des équipes de pose et un bureau d’études.

Atelier de la Boiserie excelle dans l’art de l’habillage mural en bois, le lambris. Ils composent et fabriquent des boiseries qui décorent et revêtent un espace intérieur qu’il soit mouluré, sculpté, peint ou laissé à nu. Ils interviennent pour les chantiers les plus prestigieux en France et à l’international aussi bien dans la restauration du patrimoine que dans la création de nouveaux décors.

Quel est le profil des employés de Atelier de la Boiserie ?

Les profils sont très variés puisque nous avons 60 salariés sur 3 sites, Paris, Avignon et Lausanne.

  • Environ 40 personnes travaillent dans les ateliers de production en Provence. Parmi eux, nous avons 7 ébénistes, 20 menuisiers, 2 personnes qui travaillent sur les plans pour les usinages, 1 directeur de production, 1 chef d’atelier, 3 personnes qui s’occupent des finitions (laques, vernis…).

  • A Paris, nous avons 4 chefs de projets (dont je fais partie). Nous encadrons les projets du début à la fin et nous gérons la relation avec les clients. Nous avons également un atelier pour les petits ouvrages et le prototypage avec 4 menuisiers et notre atelier de sculpture sur bois composé de 3 sculpteurs. L’ équipe de pose constituée de 6 personnes est aussi à Paris. Enfin, nous avons un bureau d’étude, où 5 personnes encadrées par un directeur s’occupent de dessiner les plans techniques ensuite validés par les architectes.

  • A Lausanne, nous avons un showroom et un chargé de développement pour assurer le suivi des projets en cours et ceux à venir.

Nous avons beaucoup d'employés qui restent longtemps car nous essayons de faire évoluer les personnes à travers les savoir-faire qui sont nombreux. 80% des personnes qui travaillent dans le bureau d’études sont issus des CAP ou BEP de menuiserie et ont exercé quelques années dans les ateliers de production. C’est important de connaître les contraintes techniques pour dessiner juste et nous le valorisons !

Un bagage technique à l’arrivée est idéal mais pas impératif car nous formons les personnes en interne au gré des chantiers. Nous attendons plutôt de nos collaborateurs qu’ils aient des bonnes méthodes de travail, qu’ils soient rigoureux, investis et agiles avec les outils et le matériel. Nos savoir-faire ne nécessitent pas forcément des charges lourdes à porter. Nous avons de plus en plus de femmes. Aujourd’hui elles sont une dizaine à des postes très variés ! Il faut toutefois être dans des bonnes conditions physiques.

Dans l’atelier d’Avignon - copyright Atelier de la Boiserie

Dans l’atelier d’Avignon - copyright Atelier de la Boiserie

Dans l’atelier d’Avignon - copyright Atelier de la Boiserie

Dans l’atelier d’Avignon - copyright Atelier de la Boiserie

Quelles sont vos formations de prédilection ?

Pour notre atelier de production dans le sud de la France, nous avons des recrues de l’Ecole Supérieure d’Ebénisterie d’Avignon. Ils ont des formations à l’ébénisterie niveau IV pour adultes qui durent 10 mois avec 80% du temps en atelier. Nous avons également des apprentis compagnons et des personnes qui viennent du lycée professionnel de Vedene.

Sinon, nous travaillons beaucoup avec l’Ecole Boulle. Leur BTS et license agencement donne un bon bagage technique, notamment sur la conduite de chantiers. Enfin, nous travaillons avec l’école de la Bonne Graine. Leur CAP de dessinateur industriel d’ameublement est une source de recrues pour notre bureau d’études !

Pouvez-vous nous décrire un chantier type ?

Rappelons que tous les chantiers sont différents car ce sont des projets sur-mesure. Ce sont souvent les architectes ou décorateurs qui nous contactent avec une idée, un projet. Nous analysons les contraintes techniques et nous lui faisons des propositions avec échantillonnages. Quand le projet est accepté, nous entrons dans une phase de plans de fabrication, de discussions avec d’autres ateliers pour les savoir-faire que nous ne possédons pas. Souvent l’architecte préconise des ateliers, mais il arrive que nous les cherchions nous-mêmes surtout quand nous devons intégrer des éléments spécifiques dans nos boiseries.

Nous travaillons notamment au sein du groupe Ateliers de France en collaboration avec un réseau d’entreprises spécialisées dans la dorure, la serrurerie décorative, la ferronnerie d’art ou encore dans le staff.

Petit boudoir Hotel de Besenval  (siège Ambassade de Suisse à Paris) - restauration Atelier de la Boiserie (copyright : Benoit Diacre)

Petit boudoir Hotel de Besenval (siège Ambassade de Suisse à Paris) - restauration Atelier de la Boiserie (copyright : Benoit Diacre)

Sculpture sur chêne réalisée par Atelier de la Boiserie

Sculpture sur chêne réalisée par Atelier de la Boiserie (copyright : Atelier de la Boiserie)

Qui sont vos clients ?

Nous travaillons beaucoup pour des hotels particuliers ou appartements de personnes privées mais nous sommes aussi sollicités pour des musées (nous avons restauré les menuiseries à vitraux du musée Carnavalet) et des édifices prestigieux (chapelle de l’ancien hôpital Laennec, la cathédrale Sainte Croix des Arméniens de Paris….) car nous sommes labellisés EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant).

Plus de 50% de notre chiffre d’affaires est réalisé à l’international.

Cercle de l'Union Interalliée - double portes Louis XVI restaurées par Atelier de la Boiserie (copyright : Xavier Béjot)

Cercle de l'Union Interalliée - double portes Louis XVI restaurées par Atelier de la Boiserie (copyright : Xavier Béjot)

Boutique Goutal - réalisation de l’agencement d’intérieur par Atelier de la Boiserie

Boutique Goutal - réalisation de l’agencement d’intérieur par Atelier de la Boiserie (copyright : Goutal)

Pouvez-vous nous décrire le déroulement d’un ouvrage de menuiserie d’art ou de boiserie ?

L’ouvrage de menuiserie peut être créé dans l’esprit d’une époque particulière ou d’après un dessin créé par un architecte ou décorateur. Le sculpteur ornemaniste contribue au choix de la composition et des décors, il détermine les moulurations, les ornements. Le bureau d’études réalise les plans d’exécution (à la main puis numériquement) des panneaux de boiserie et des profils de moulure. Quand la menuiserie est définie, vient le moment de dessiner les ornements représentant fleurs, feuillages, coquilles, figures humaines, végétales ou autres motifs imaginés par le décorateur.

Le menuisier réalise les moulures à l’aide d’une toupie et prépare les morceaux de bois à sculpter. Puis c’est le sculpteur qui intervient. Muni de gouges, de burins, de fermoirs, il fait naître les décors sur les panneaux de bois ou sculpte dans la masse.

Dessin des ornements par Atelier de la Boiserie

Dessin des ornements par Atelier de la Boiserie (copyright : Atelier de la Boiserie)

Sculpture sur chêne réalisée par Atelier de la Boiserie

Sculpture sur chêne réalisée par Atelier de la Boiserie (copyright : Atelier de la Boiserie)

Comment se porte votre secteur ?

Le secteur de la restauration est éternel ! Nous avons un patrimoine magnifique et il faut le préserver. Le secteur de la création est très exigeant mais se porte également bien car il s’adresse à une clientèle très haut-de-gamme. Nos savoir-faire sont rares ce qui réduit la concurrence qui est bien moins importante que dans le secteur de la construction.

Pour finir, nos chantiers sont exigeants et demandent beaucoup d’heures de travail à tous niveaux. Ils s’étalent même parfois sur plusieurs années. Cela peut sembler long, mais pour atteindre l’excellence dans nos métiers il faut savoir traiter chaque détail avec la même rigueur pour que la réalisation finale soit parfaite.

Détail de boiserie - Atelier de la Boiserie

Détail de boiserie - Atelier de la Boiserie (copyright : Atelier de la Boiserie)

Les outils à main pour sculpter le bois - Atelier de la Boiserie

Les outils à main pour sculpter le bois - Atelier de la Boiserie (copyright : Atelier de la Boiserie)

Merci Guillaume d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Témoignage recueilli par Aude Augais.

Pour retrouver Atelier de la Boiserie :

Instagram : @atelier_de_la_boiserie

Linkedin : atelierdelaboiserie

web : atelierdelaboiserie.fr



Samuel Gassmann : comment sortir du lot sur un marché de niche, les boutons de manchettes

 

Aujourd’hui, rue Charlemagne à Paris dans la boutique-atelier de Samuel Gassmann, nous avons la joie de l’entendre parler de sa reconversion inattendue vers un un marché de niche, les boutons de manchettes.

Samuel est un ancien journaliste spécialisé dans l’art contemporain, il travaillait notamment pour l’émission Metropolis de Arte. En 2008, c’est son dernier documentaire qui le mène sur la piste des boutons de chemises, puis des boutons de manchettes. Une aventure dans laquelle il se plonge sans même se demander s’il allait être capable d’apprendre le savoir-faire. Il dit que c’est la bidouille qu’il aime, c’est pourtant loin d’être un bidouilleur, quand on voit les pièces qu’il crée et fabrique dans les matériaux les plus nobles et les plus rares. Il raconte une histoire dans chaque collection.

Nous allons parler évidemment de ce marché de niche, les boutons de manchettes et comment lui et son épouse Donatienne ont fait pour devenir les spécialistes français, vendus dans tous les plus grands magasins dans le monde.

Nous allons parler des collections, notamment de la nouvelle, la collection RVB, comment Samuel l’a imaginée et comment elle est traduite dans chacune de ses pièces.

Enfin nous allons parler du positionnement prix alors que Samuel jusqu’à la crise COVID travaillait presque exclusivement avec des revendeurs.

Liens :

site web : samuelgassmann.com

instagram : @samuelgassmannparis




Astrid Lecornu, du design textile aux créations en fil de fer, elle met son coeur à l’ouvrage

 

Aujourd’hui, nous allons rencontrer une fée dans son atelier, un rêve pour les petits et aussi les grands. Combien de petites danseuses en fil de fer, de cartes postales du Paris qu’on aime, de contes de fer et d’histoires textiles nous découvrons dans ce paradis ?

Dans cet épisode, nous allons à la rencontre de Astrid Lecornu, celle que nous connaissons moins, la designeuse textile qui s’est perfectionnée au fil des 8 collections par an pour les grandes maisons de luxe et qui a laissé petit à petit l’espace pour faire grandir ses propres créations.

Vous allez découvrir Astrid, à l’image de la poésie qui se dégage de son univers et de ses pièces féeriques. Elle a construit son entreprise grâce à sa générosité. Il faut l’écouter pour comprendre comment les cadeaux qu’elle a fait se sont transformés en beaux projets. Elle va nous expliquer qu’une communauté se construit par les liens tissés presque personnellement avec chaque personne, par son authenticité.

Astrid a été aussi généreuse dans le partage de son expérience que dans sa vie de tous les jours, écoutez-la pour vous inspirer !

Liens :

site web : astridlecornu.bigcartel.com

instagram : @astrid.lecornu




Cerise Bentz fondatrice de la Cerise sur le Chapeau : une esthète qui a su valoriser sa créativité au service de la chapellerie

 

Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’être avec Cerise Bentz qui a créé la Cerise sur le Chapeau en 2007. Dès le début, Cerise a construit l'identité de son entreprise autour de l'élégance intemporelle en proposant des formes traditionnelles, et des couleurs rapportées de ses voyages. Elle s'appuie sur des savoir-faire artisans qu'elle sous-traite. Un atelier en Italie crée les formes qu'elle dessine, un artisan français moule les cônes (matière première en feutres et en paille) à partir des formes et Cerise source les gros grains (les rubans qui entourent le chapeau ) auprès d'un atelier de tissage du Sud de la France. Elle accorde beaucoup de place à la matière, qu'elle source au Portugal pour le feutre et en Equateur pour la paille. 

Ce qu’il y a d’intéressant avec Cerise, c’est qu’elle est entrepreneure sans le savoir. Elle dit qu’elle n’est pas business woman. Pourtant elle en a la posture. Elle démarre en testant à petite échelle son projet. En installant sa boutique dans le 6ème à Paris elle fait grandir son marché et c'est le bouche à oreilles qui constitue son principal levier de développement. Aujourd'hui, elle a 5 salariés.

Nous parlerons aussi de l'importance de la diversification vers d'autres produits pour pouvoir garder les formes traditionnelles de ses chapeaux et de l'innovation digitale qu'elle prépare pour améliorer l'expérience client. Nous allons également parler du positionnement prix et de l’erreur qu’elle ne referait pas si elle recommençait aujourd’hui.

Si vous ne l'avez pas déjà fait, allez découvrir la Cerise sur le Chapeau rue du Cherche Midi, la boutique est magnifique ! Des outillages comme la presse sont même exposés pour comprendre les étapes de fabrication d’un chapeau !

Liens :

site web : lacerisesurlechapeau.com

instagram : @la_cerise_sur_le_chapeau

L’Atelier de l’Objet : comment tradition et innovation se conjuguent pour fidéliser les grandes maisons du luxe.

 

Dans cet épisode, nous poussons la porte d’un atelier d’excellence situé tout près de la Place Vendôme, l’Atelier de l’Objet. Labellisé Joaillerie de France et Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) cet atelier remarquable associe des savoir-faire traditionnels et des technologies de pointe.

L’Atelier de l’Objet conçoit des pièces de haute joaillerie uniques, et sublime les gemmes en les sculptant.

Stéphane Bondu, le fondateur et gérant, ancien professeur de DMA à l’Ecole Boulle nous raconte comment il a tracé son sillon dans un secteur qui évolue et innove constamment. Il nous explique aussi pourquoi il est devenu maitre d’art et il nous livre sa raison d’être et les valeurs de son entreprise. 

Très bonne écoute !

maitredart.fr/maitre-art/stephane-bondu

A écouter sur le podcast VOIES !

 

Agnes Sevestre, bronzière d’art en ciselure, curieuse et polyvalente.

Quand nous avons rencontré Agnes, nous avons été touchés par son intérêt et sa curiosité à l’encontre de notre jeune et alors naissante structure (nous étions en 2019). Nous avons alors cherché à en savoir plus sur le moteur qui faisait d’elle une ciseleuse et bronzière d’art.

La tâche a été aisée car Agnes, convaincue que la transmission et le partage sont des valeurs inhérentes aux métiers d’art et à leur survie, elle multiplie les occasions de parler de son métier.

Agnes Sevestre, démonstration de ciselure sur bronze d'ameublement, 2016, crédits Agnes Sevestre

Agnes Sevestre, démonstration de ciselure sur bronze d'ameublement, 2016, crédits Agnes Sevestre

Agnes Sevestre, Conception et fabrication de luminaires et mobilier : prototypage pour Mydriaz Paris, crédits Matthieu Gauchet

Agnes Sevestre, Conception et fabrication de luminaires et mobilier : prototypage pour Mydriaz Paris, crédits Matthieu Gauchet

Pour toi, que signifie être bronzière d’art et ciseleuse ?

Les métiers d’art, qu’ils s’expriment à travers le métal, le bois, le textile, le papier... permettent de donner vie aux idées en passant par la matière. Cette citation de Lucien Falize, ciseleur et orfèvre du XIXème siècle décrit de façon assez juste ce que je ressens de mon métier “Le ciseleur a le devoir de faire dire au métal ce que le sculpteur n'a pu lui donner ; ce que ne livre ni la terre ni la cire ni le bois ni le marbre ; cette fleur de l'épiderme, le chairé de la peau, la maille du tissu, les nervures des feuilles, le moiré des fleurs ; tout cet infini délicat qui charme l'œil et donne la couleur et l'esprit à la matière.”

Que peux-tu nous dire de ton métier, la ciselure ?

La ciselure est l'un des trois métiers qui font partie des compétences du bronzier d'art, avec la monture en bronze et le tournage d'art. Les trois métiers sont très complémentaires dans l'histoire des arts décoratifs, notamment dans la réalisation de luminaires et de mobilier.

C'est un métier trop méconnu, mais qui offre des possibilités infinies de création avec les métaux ! En ciselure, on vient imprimer, repousser, texturer et mettre en forme la matière, avec des outils en acier forgés appelés ciselets. On utilise la ciselure autant pour la restauration que pour la création contemporaine.

Collection en laiton sculpté est inspirée de l'érosion des roches, création Agnes Sevestre

Collection en laiton sculpté est inspirée de l'érosion des roches, création Agnes Sevestre

Boîte en laiton ciselé doré inspirée d'une pièce d'orfèvrerie de la dynastie chinoise Tang. Elle a été conçue et réalisée lors de la première année de Diplôme des Métiers d'Arts en ciselure à l'école Boulle.

Boîte en laiton ciselé doré inspirée d'une pièce d'orfèvrerie de la dynastie chinoise Tang. Elle a été conçue et réalisée lors de la première année de Diplôme des Métiers d'Arts en ciselure à l'école Boulle.

Feuille de Ginkgo richement ornée, création Agnes Sevestre

Feuille de Ginkgo richement ornée, création Agnes Sevestre

Quelle a été ta formation ?

J'ai suivi une formation de 4 ans à l'école Boulle : 3 ans de ciselure et 1 an de monture en bronze. Cette formation m'a apporté de solides bases techniques et créatives, et une grande ouverture sur le design et les arts décoratifs, indispensables pour évoluer dans ce métier.

La rencontre avec deux bronziers d'art passionnés, lors de mon stage de 2ème année à Boulle ont été fondateurs pour moi. Ils m'ont transmis leur passion et m'ont formée durant deux ans pendant mes vacances scolaires et mes week-ends !

Enfin, j’ai poursuivi ma formation en travaillant pour huit entreprises artisanales différentes. Chacun a des techniques et un fonctionnement différents. Ca a été très enrichissant !

Qui sont tes clients ?

Jusqu’à il y a peu de temps, la plupart de mes clients étaient professionnels : chantiers de restauration comme celui du chœur de la cathédrale d'Amiens, collaboration avec des artistes (Stéphanie Raimondi par exemple en 2019 pour la réalisation de ses oeuvres), sous-traitance pour des ateliers de bronzerie d’art, comme Remy Garnier ou Mydriaz, de la conception de prototypes à la fabrication, suivant les projets….

Aujourd’hui, l’ai recentré mon travail sur une clientèle particulière. Je développe des collections de bijoux ou objets ciselés en pièces uniques ou en séries limitées.

Pour l'Etablissement de Chant-Viron, restaurateurs du patrimoine : participation à la restauration des lustres de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens (cristallerie, électrification, pose) et à la restitution des lanternes du théâtre de Saint-Omer (fab…

Pour l'Etablissement de Chant-Viron, restaurateurs du patrimoine : participation à la restauration des lustres de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens (cristallerie, électrification, pose) et à la restitution des lanternes du théâtre de Saint-Omer (fabrication)

Pour Louis et Nicole Cane, artistes plasticiens. Reprise de fonte, ciselure et finitions variées sur sculptures en bronze.

Pour Louis et Nicole Cane, artistes plasticiens. Reprise de fonte, ciselure et finitions variées sur sculptures en bronze.

Tu accordes une grand place à la collaboration, la transmission et le partage. Que fais-tu pour l’encourager ?

Je fais partie de l’association Etto qui depuis 2008 soutient des jeunes artisans dans leur professionnalisation et facilite la transmission des connaissances et des techniques. Nous sommes aujourd’hui une jeune équipe dynamique d’artisans d’art dans les métiers du métal (bronziers d'art, ciseleuse, graveuse, horlogers), du bois (un ébéniste et un marqueteur) et du verre (une apprentie souffleur de de verre).​

En plus des échanges et des collaborations possibles, dans l’espace que nous avions aux Grands Voisins, nous avons mutualisé machines, outils… Le fait d’être rassemblés nous a permis de recevoir en dons des machines que nous avons réparées, ou restaurées pour les plus anciennes. Tout cela a considérablement réduit mes coups d'installation.

J’ai également profité du confinement pour décrire mon métier et ma vision de ses problématiques dans un blog.

Peux-tu nous éclairer sur les débouchés de ce métier ?

Concernant la monture en bronze, les entreprises recrutent ! En ciselure en revanche, le métier est de plus en plus rare. La pédagogie est indispensable pour faire connaître ce métier au grand public et faire comprendre le prix des pièces par le travail réalisé !

Merci Agnes d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Témoignage recueilli par Aude Augais.

Pour retrouver Agnes Sevestre:

Instagram : @agnes_sevestre

web : agnessevestre.com

Kito: Comment le sculpteur de géants ancré dans son territoire a conquis sa liberté.

 

Aujourd’hui nous rencontrons Christophe Antoine dit Kito, un artiste sculpteur qui travaille la matière avec son cœur et avec ses tripes. Dans son atelier de Plouézec sur le littoral magnifique des Côtes d’Armor, il redessine le paysage breton.

Ses œuvres souvent monumentales sont présentes en France et dans le monde entier. Il a gravé son histoire dans la Vallée des Saints en Bretagne où il a donné naissance à plusieurs géants de granit.

Kito est autodidacte, quand on lui demande comment il est devenu le sculpteur qu’il est aujourd’hui il répond « Il faut lire, regarder énormément de choses. Et un jour, ça sort de la main. » Une vocation donc.

Ce formidable conteur se livre avec générosité et sans fard sur son parcours, ses rencontres, et les moments décisifs de sa carrière.

Très bonne écoute!

Instagram: @kitoantoine

Web: www.kito-antoine.com

A écouter sur le podcast VOIES !

 

Manufacture Prelle et l’art soyeux : Comment faire pour concilier savoir-faire traditionnel et innovation ?

 

Lyon, la ville aux deux collines accueille notre nouvel épisode.

C’est du côté de la Croix-Rousse le quartier qui pérennise l’histoire des Canuts qu’on a l’immense plaisir de rencontrer Guillaume Verzier, PDG et représentant de la huitième génération de la Manufacture Prelle, qui perpétue avec éclat la tradition des soyeux depuis plus de 250 ans.

Dotée d’un patrimoine d’archives inestimable et labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant la Maison Prelle conjugue la création contemporaine et la tradition. Elle possède encore des métiers à bras anciens associés à des métiers modernes ultra performants.

Son histoire se tisse à Lyon mais aussi à Paris et à New York, pour une clientèle très exigeante.

Guillaume Verzier nous parle de l’héritage de cette entreprise patrimoniale, comment il a défini sa stratégie en allant toujours de l’avant, et il nous livre sa vision de chef d’entreprise.

Très bonne écoute !

Instagram : @prelle_cie

Web : www.prelle.fr

A écouter sur le podcast VOIES

 

 

Anne-Charlotte Saliba : Comment elle apprivoise le papier et s’inscrit dans une démarche écologique vertueuse.

 

Aujourd’hui Anne-Charlotte Saliba nous a donné rendez-vous dans son atelier à Lyon, qu’elle appelle son alcôve secrète.

Anne-Charlotte  est désigner et sculpte dans le papier des créations délicates et durables, parfois protéiformes, qu’on peut manipuler et tordre comme la lampe Boa, l’une de ses créations emblématiques.

Ses luminaires géométriques pliés et ses bas-reliefs ennoblis grâce à des techniques d’incisions, et de perforations naissent de sa fascination pour la faune marine et la flore.

Lauréate en 2020 du Prix de la jeune Création Métiers d’art, Anne-Charlotte revient sur ses débuts, elle nous explique aussi son processus créatif, son modèle d’entreprise, et comment elle a collaboré avec la Maison de Champagne Ruinart.

Très bonne écoute !

Instagram : annecharlottesaliba.designer

Web : www.annecharlottesaliba.com

A écouter sur le podcast VOIES

 

ATS L’Atelier Luxe : Une entreprise visionnaire qui a réussi à transformer durablement son modèle économique.

 
thumbnail22.jpg

Olivier Finaz est un chef d’entreprise très engagé qui nous reçoit aujourd’hui à Lyon au siège de son entreprise ATS.

ATS conçoit et fabrique sur mesure des petites séries de packaging pour les maisons du luxe. Depuis peu, l’Atelier Luxe est venu consolider le positionnement du groupe avec un bel espace multi matériaux  entièrement dédié au fait à la main et renforcé par un pôle innovation et conception.

Cette manufacture de 50 salariés qui anticipe depuis longtemps déjà les nouveaux codes du luxe, a su attirer  des clients d’exception dans le secteur des spiritueux, horlogerie et cosmétique.

Labellisée Origine France Garantie, l’Atelier Luxe fait de la responsabilité sociétale et environnementale son socle.

Olivier Finaz nous raconte avec beaucoup de conviction comment son entreprise s’est transformée, pourquoi il a choisi de faire le pari du Fait en France, et enfin comment l’inclusivité est devenue l’une des valeurs fondamentales de son entreprise.

Très belle écoute !

Web : www.atelierluxe.fr

A écouter sur le podcast VOIES

 

Anne Anquetin : Histoire d’une néophyte qui a repris la Passementerie Verrier en 2018.

 
2021-09-22 (4).png

Aujourd’hui, en pénétrant dans cet atelier de passementerie installé depuis le début du XXème siècle rue Orfila à Paris, nous assistons à la rencontre du dynamisme et de la tradition. Deux caractéristiques qui ne sont pas contradictoires, bien au contraire, surtout quand elles sont incarnées par Anne.

Anne, après une première carrière dans de grands groupes informatiques et un long parcours de recherche d’entreprise en lien avec le « bon » ou le « beau », est tombée sous le charme de la Passementerie Verrier. Un marché de niche certes, mais un horizon des possibles pour Anne.

Nous allons parler de l’entreprise elle-même, de son évolution et du marché, nous allons parler innovations, collaborations et également association avec Yves Dorget, maître d’art en passementerie qui a dirigé l’entreprise pendant 25 ans avant de la céder tout en continuant à y travailler.

Nous allons bien sûr parler de Anne dont le parcours nous intrigue ! Débarquant à la tête de cette entreprise traditionnelle en 2018 sans connaissance des métiers d’art avec l’ambition de protéger cet atelier unique et extraordinaire. Elle met toute son énergie et ses compétences dans son entreprise qu’elle chérit pour la faire grandir chaque jour.

Bonne écoute !

Web : www.passementerie-verrier.com

Instagram : passementerieverrier

A écouter sur le podcast VOIES

 

Marine Fargetton : Une créatrice au service de la restauration en céramique.

 
2021-09-22 (14).png
2021-09-22 (15).png

Comme promis, aujourd’hui nous partons à la rencontre d’une magicienne ! Marine Fargetton est restauratrice en céramique. Toute œuvre que vous lui confiez, fissurée, cassée, accidentée, Marine lui redonne vie tout en gardant l’empreinte du temps si importante dans ce métier.

Marine est créative et elle a choisi comme métier l’ennemi de la créativité car son job consiste à rendre une œuvre à l’identique, en s’interdisant la moindre interprétation. Elle nous expliquera pourquoi elle a fait ce choix et ce qu’elle aime dans ce métier imprégné d’histoire de l’art.

Avec Marine, nous parlerons également du secteur, des sciences qui nourrissent son métier, de l’importance de se tenir à jour des avancées, de la recherche.

Nous irons à la découverte de certaines œuvres qu’elle a restaurées et de leur histoire enchanteresse.

Web : www.marinefargetton.fr

Instagram : marinefargetton

A écouter sur le podcast VOIES

 

Vincent Breed et l’art verrier : L’ultra-créativité comme fer de lance et la mutualisation comme moteur d’engagement.

 
Design Mydriaz Paris - Glass Vincent Breed - Photo Jérémy Josselin

Design Mydriaz Paris - Glass Vincent Breed - Photo Jérémy Josselin

Photo Karine Bailly

Photo Karine Bailly

Photo Patrice Greff BD

Photo Patrice Greff BD

Vincent Breed est designer et maître verrier. Il dompte la matière à chaud grâce à la technique traditionnelle du soufflage à la canne.

Il nous invite dans son atelier du Cercle Verre à Brussieu près de Lyon, le plus grand espace collaboratif de France, remarquable pour la qualité de sa Recherche et Développement.

Au titre des nombreux prix dont Vincent est lauréat figure celui des Jeunes Créateurs des Ateliers d’Art de France ainsi que le Trophée des Trésors Vivant de l’Artisanat.

Collectionnant les collaborations exceptionnelles, Vincent se désigne comme un faiseur de rêves qui conçoit des sculptures très en rondeur souvent uniques avec un rapport évident au corps humain.

Cet artiste mécène nous raconte pourquoi il s’est engagé dans l’art verrier, il nous explique comment il pilote ses projets, et souligne enfin l’importance de l’hyper créativité et des lieux mutualisés grâce à son association Hotshop France.

Très belle écoute.

web : www.vincent-breed.com

Instagram : vincentbreed

A écouter sur le podcast VOIES

 

YS Paris, les sœurs Le Poupon perpétuent le savoir-faire rare de nacrier dans le respect des ressources locales .

2.png
Ys_Paris#9.jpg
Ys_Paris#7.jpg
Ys_Paris#3.jpg

C’est au cœur de leur terre natale à Tréguier dans les Côtes d’Armor, que les sœurs Audrey et Delphine Le Poupon ont choisi de jeter l’ancre.

 L’union fait la force car suite à un changement de cap les créatrices se sont associées afin de se consacrer au travail de la nacre pour leur propre marque Ys Paris dans leur atelier boutique.

 Ayant obtenu le titre de maître d’art et référencées dans le guide Homo Faber, elles innovent en valorisant de manière éco responsable la coquille de l’ormeau de Bretagne, ce coquillage à la chair prisée, dont elles sont les seules à utiliser la nacre de manière exclusive en France.

 Le savoir-faire de nacrier par ailleurs détenu dans l’hexagone par une poignée d’irréductibles passionnés appartient au domaine de la tabletterie.

 Découvrez au fil de cet échange les 4 points cardinaux de l’aventure entrepreneuriale de Audrey et Delphine :  la reconversion professionnelle, le parcours initiatique, le choix de modèle d’entreprise et les axes de développement.

 Très belle écoute.

Web : ysparis.com

Instagram : ys_paris_bzh

 

A écouter sur le podcast VOIES

 

Anaïs Beaulieu, une artiste engagée qui met l’art de la broderie au service des autres et questionne notre époque.

Anais Beaulieu est une artiste singulière, une aventurière. On a voulu aller à sa rencontre car elle questionne notre lien au monde avec des outils de travail réduits à leur plus strict minimum : du fil et une aiguille.

Anaïs provoque des rencontres inattendues entre ses illustrations et le support, et se démarque par son style singulier devenu sa signature et sa marque de fabrique.

Avec elle on va dérouler le fil de sa vie, et on va parler de son héritage familial, de la nécessité de transmettre, de sa pratique et de son processus créatif.

On a adoré recueillir ce témoignage car Anaïs s’est livré avec ce supplément d’âme qui la caractérise.

Très belle écoute !

Web : anaïsbeaulieu.com

Instagram : anais_beaulieu

A écouter sur le podcast VOIES

ICI

 
 

Long Liu concilie deux vies professionnelles pour faire vivre une entreprise de coeur, Les Beaux Souliers.

Aujourd'hui nous partons à la rencontre de Long Liu, l’homme qui se sent le plus riche du monde quand de la fenêtre de son atelier il prend son café en regardant l’arc de Triomphe.

Cet ancien banquier jongle avec ses missions de conseil en finances et avec Les Beaux Souliers qu’il a créé en 2017 avec un associé compagnon du Tour du France. Les Beaux Souliers c’est un atelier comme il en existe peu, jusqu’au boutiste dans l’art de la fabrication à la main, du soulier sur-mesure à la toute petite série.

Avec Long, nous découvrons une équipe de passionnés qui ont su convaincre par l’âme qu’ils ont donné à ce projet bailleurs, banquiers et amateurs pour créer leur atelier. Nous partons dans une exploration touchante d’un parcours né dans les salles de marché, mûri dans les cordonneries de quartier qu’on ne connaît pas toujours assez et qui se termine à deux pas de l’étoile dans la boutique Les Beaux Souliers.

Bonne écoute !

A écouter sur le podcast VOIES

 
 

Steaven Richard, ce ferronnier d’art qui n’a jamais cessé de penser innovation.

Derrière ces hommes et ces femmes qui font l’actualité des médias dans l’art de vivre, le patrimoine, la mode et la décoration, se révèlent des personnalités de terrain qui s’accrochent chaque jour pour développer leur entreprise. Ces artisans d’art, attachés à la transmission, partagent ici ce qui a contribué à leur réussite.

Chercher sa raison d’être par l’expérimentation

Steaven Richard est ferronnier d’art. Passionné de chevaux, il a commencé par se former à la forge pour exercer son métier comme maréchal ferrant. Pendant presque dix ans, il parcourt l’Europe pour perfectionner son savoir-faire en l’emmenant petit à petit vers la ferronnerie d’art. En 2001, il revient à Paris où il installe son entreprise.

Etre à l’écoute de ses clients pour remporter les chantiers visés

Steaven comprend très tôt qu’il faut être force de proposition pour séduire les prescripteurs, architectes et décorateurs. Il se nourrit du travail des artistes contemporains pour faire mûrir son sens artistique. La première étape de son entreprise consiste à explorer le marché, expérimenter son savoir-faire et le présenter aux agences de décoration. Son premier objectif de percer le monde de la décoration d’intérieur haut-de-gamme est atteint quand il réussit à convaincre Jacques Garcia en 2008 de travailler avec lui. Avec son savoir-faire certain, sa jeune structure lui permet de proposer un prix compétitif et remporter l’appel d’offre. C’est ainsi que Steaven continue à développer son entreprise, en la dirigeant vers des chantiers de plus en plus pointus, qui permettent de répondre à des demandes de plus en plus exigeantes.

Se différencier

2013 est une année charnière pour l’atelier. En remportant le chantier de décoration du studio de Karl Lagerfeld pour Chanel, il montre qu’il est capable de créer un parquet façon Versailles en maillechort, alliage métallique apprécié pour son aspect argenté. Pour réaliser cette finition texturée, il a transformé un laminoir pour créer des surfaces inimitables. Le laminoir artistique qu’il crée va être breveté et devient le fer de lance de l’atelier. Pour répondre à ce chantier, son entreprise double de taille, en passant de cinq à dix personnes. Steaven a surtout atteint ce qu’il visait depuis ses débuts, la démonstration de la singularité de son savoir-faire. Des années d’expérience et d’expérimentations lui ont permis de développer sa propre technique, celle que viennent chercher les prescripteurs les plus renommés. 

L’année 2014 est marquée par sa rencontre avec Pierre Yovanovitch. C’est dans son univers que Steaven a le sentiment de réaliser ses plus belles pièces. Il accomplira pendant 10 ans de collaboration les finitions les plus raffinées.

Se rendre visible et le faire savoir

En 2019, Steaven est contacté par la maison Rémy Martin rencontrée sur le salon Révélations. Pour le lancement d’une édition limitée de 12 000 bouteilles de Cognac, la maison souhaite collaborer avec l’artiste capable de proposer une expérience visuelle qui dialogue avec l’expérience gustative de leur eau de vie. Steaven crée une sculpture de un mètre de haut sur un mètre de large, une anamorphose de leur logo. La campagne de communication voyageant de Los Angeles à Londres en passant par Shenzhen autour du lancement, apporte à l’atelier une crédibilité et une visibilité spectaculaire.

Se développer en explorant les nouveaux marchés

Aujourd’hui en 2023, l’atelier de 1600 m2 à Fontainebleau accueille quinze personnes et génère 70% de son chiffre d’affaires à l’export. Son développement a été guidé par l’intuition de Steaven de savoir se différencier le plus tôt possible et prendre des risques aux bons moments. Son prochain défi est de pénétrer le marché américain.

Panneaux décoratif Steaven Richard. Architecte Archimage. Photo Nicolas Scordia.

Panneaux décoratif Steaven Richard. Architecte Archimage. Photo Nicolas Scordia.

Panneaux décoratif Steaven Richard. Architecte Archimage. Photo Nicolas Scordia.

Panneaux décoratif Steaven Richard. Architecte Archimage. Photo Nicolas Scordia.

Panneaux décoratif Steaven Richard. Architecte Archimage. Photo Nicolas Scordia.

Panneaux décoratif Steaven Richard. Architecte Archimage. Photo Nicolas Scordia.

Panneaux décoratif Steaven Richard. Architecte Archimage. Photo Nicolas Scordia.