La broderie d’art au service des métiers de la mode, selon Marie Moreau.

Marie est brodeuse d’art depuis 2018. Après une première vie professionnelle de 10 ans à travailler comme créatrice dans une agence de design, elle a voulu apporter à sa créativité une application manuelle. C’est le crochet de Lunéville qui lui a donné.

Marie Moreau sur son métier à broder

Marie Moreau sur son métier à broder

La Big Flower Studio Marie Moreau©

La Big Flower Studio Marie Moreau©

Décris-nous la transition vers ton métier de brodeuse ?

Le travail manuel a toujours fait partie de ma vie. Je brodais à l’aiguille, je passais beaucoup de temps à la couture, je rêvais devant les formations de l’école Lesage…. Quand mon mari m’a offert une initiation au crochet de Lunéville par le site superprof, je me suis rendue compte que j’avais envie d’approfondir.

A la suite d'un épisode professionnel malheureux, j'ai rebondi en négociant une rupture conventionnelle et je me suis dirigée naturellement vers la broderie. Avec les indemnités de départ, j’ai financé quatre niveaux de formation à l’Ecole Lesage et j’ai passé au lycée Octave Feuillet le CAP Broderie main avec la mairie de Paris.

Les deux ans de chômage m’ont permis d’être sereine pour me former et lancer mon entreprise.

Pourquoi avoir suivi deux formations à la broderie d’art ? Continues-tu à te former ?

La préparation au CAP apporte un bagage technique et la formation chez Lesage m’a permis d’explorer la variété infinie des déclinaisons des points de broderie. A Octave Feuillet (CAP), j’ai développé aussi mon premier réseau de futures brodeuses qui sont devenues des amies et les professeurs apportent beaucoup de conseils très utiles. Par exemple, Clothilde Menard m’a encouragée à développer mon portfolio de créations personnelles pour démarcher les ateliers de broderie, ce qui m’a permis de travailler tout de suite pour des professionnels.

Grâce au FAFCEA, le fonds qui finance la formation des entreprises artisanales (ils financent 2/3 des formations), je continue à me former car beaucoup de savoir-faire complètent celui de la broderie : les fleurs artificielles, la plumasserie, la broderie Cornely… Je pense que c’est important d’avoir plusieurs cordes à son arc pour répondre aux professionnels.

Défilé FENDI Couture Automne 2019 Vogue/ Photo Salvatore Dragone /Gorunway.com

Défilé FENDI Couture Automne 2019 Vogue/ Photo Salvatore Dragone /Gorunway.com

Défile CELINE Prêt à porter Printemps 2020 Vogue/ Photo Filippo Fior/ Gorunway.com

Défile CELINE Prêt à porter Printemps 2020 Vogue/ Photo Filippo Fior/ Gorunway.com

Défil CELINE Prêt à porter Printemps 2020 Vogue/ Photo Filippo Fior/ Gorunway.com

Défil CELINE Prêt à porter Printemps 2020 Vogue/ Photo Filippo Fior/ Gorunway.com

Comment projetais-tu ton métier de brodeuse ?

J’avais très envie de travailler pour des ateliers de broderie car j’ai toujours été fascinée par la Haute Couture, l’émotion qui se dégage des pièces exceptionnelles. En débutant dans le metier c'est compliqué de travailler directement pour les grandes marques de luxe alors qu’en étant auto-entrepreneure, on peut travailler pour les ateliers et accéder à ces pièces. C’est une formation formidable et c’est indispensable pour comprendre le fonctionnement du secteur.

En même temps, par mon expérience de créative, j’avais aussi envie de développer mes propres pièces. J’alterne donc entre mon travail personnel et les professionnels qui m’apportent une régularité de revenus.

Que peux-tu nous dire sur le travail d’une brodeuse dans les ateliers de broderie ?

Les ateliers de broderie m’apportent d’être au contact du savoir-faire et des brodeuses. Pour moi c’est porteur de ne pas être isolée et la variété des pièces sur lesquelles on travaille permet de progresser. En rencontrant les brodeuses, on découvre aussi les bonnes et moins bonnes pratiques dans le secteur, ce qui permet de gagner du temps.

J’ai eu la chance d’avoir été contactée par Cecile Henri dès la fin de ma formation quand j’ai envoyé mon portfolio et depuis je travaille régulièrement pour eux. Les horaires de 8h30 à 17h30 permettent d’avoir une vie privée à côté, même en période de défilé. Ce n’est pas le cas de tous les ateliers mais c’est appréciable !

Comment es-tu payée quand tu travailles pour des ateliers de broderie ?

Je dirais que la moitié des ateliers demandent aux brodeuses indépendantes de donner leur tarif horaire. C’est le cas de Cécile Henri. Certains ateliers ont la réputation d’être moins généreux que d’autres, notamment certains ateliers de la nouvelle vague souvent ne payent pas au-delà de 12 euros de l’heure !

En général, les tarifs oscillent entre 16,5 euros nets de l’heure et 40 euros pour les brodeuses les plus expérimentées.

Broche Dahlia bleu - Studio Marie Moreau©

Broche Dahlia bleu - Studio Marie Moreau©

Détail tableau brodé - Studio Marie Moreau©

Détail tableau brodé - Studio Marie Moreau©

Détail tableau brodé - Studio Marie Moreau©

Détail tableau brodé - Studio Marie Moreau©

Est-ce dur de vivre de ton métier ?

Il faut être lucide mais c’est possible. De mon point de vue, je peux me permettre de travailler sur mes propres créations et avoir une clientèle particulière parce que je travaille aussi pour les professionnels qui m’assurent des revenus réguliers. Je commence aussi à donner des cours, ce qui complète !

Un conseil pour les personnes qui veulent se diriger vers ton métier ?

De la patience, de la rigueur et surtout de la passion.

Merci Marie d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Témoignage recueilli par Aude Augais.

Pour retrouver Marie :

Instagram : @studiomariemoreau

Marie fait partie des membres Artisans d’Avenir et elle propose des formations au crochet de Lunéville.

Pour vous initier au crochet de Lunéville, contactez-la en cliquant ci-dessous !